Toi…

Chère toi

Imagine-moi scotchée devant ce tableau du peintre El Greco que j’ai vu au MET hier après-midi. « Vue sur Tolède », simple paysage d’après le titre, mais quelle puissance, quelles forces déchaînées ! Aucun personnage et pourtant j’ai eu la sensation intense d’être face à une personnalité qui me happait, me frappait de plein fouet, et ce quelqu’un, c’était toi. J’ai vu dans les jets de bleus intenses et les noirs profonds du ciel ton regard, si glaçant, si froid, celui que tu m’as lancé ce fameux soir. Lire la suite

Au-dessus de ma table d’architecte, le tableau d’El Greco orne le mur principal de mon atelier. Je tente de réaliser la commande de la ville nouvelle de « Tentation », sans toi : que l’exercice est périlleux ! Toi le peintre, moi le bâtisseur, on se complétait, mais c’était avant.

Aujourd’hui, je calque mon souvenir de Tolède sur la réalisation de la ville moderne. On marchait ensemble vers le sommet de la colline, moi, alerte, toi, essoufflé. Notre regard embrassait la ville et sa grandeur. Lire la suite

Récit épistolaire

Tolède 1er Juillet 1980

Mon cher fils,

          Je t’écris aujourd’hui car j’ai pensé très fort à toi ces jours-ci en feuilletant un livre sur le Greco. Je me suis arrêté sur ce célèbre tableau « Vue de Tolède », littéralement fasciné.

          Ce tableau peint entre 1597 et 1600 est tellement moderne et saisissant ! On y voit un paysage, plongé dans une semi-obscurité sans aucune couleur chaude, sans personnage, rarissime à son époque. La ville évoquée par une ligne de bâtiments dessinés en blanc serpente en hauteur au-dessus des lacs, des forêts et domine le Tage. Le ciel surplombant le tout est aussi inquiétant, formé de nuages allongés bleus et blancs avec une trouée comme après un orage. Il s’en dégage une intensité dramatique, une mélancolie en accord avec mon état d’esprit. Il a fait surgir un flots de souvenirs chaotiques, à la fois gais et tristes. Lire la suite

Correspondance

Lettre à Aurore

Très chère à mon cœur,

Les violences m’ont toujours atteint comme tu le sais. Mais, pire encore, ce sont toutes ces perturbations quotidiennes, sans cesse répétées qui violent sans contrainte mon intimité et mon bien-être. Le jour passe encore et encore tout juste, car il faudrait que mon cerveau soit canalisé par de saines occupations, des occupations qui dépassent la tache quotidienne, la tache répétitive. Mais voilà, il y a les sombres crépuscules et les nuits bouleversées par maints ouragans. Lire la suite

L’orgue de barbarie rassure l’aveugle qui entend l’envol de la colombe et dans sa nuit il a peur du bruit du canon se sent solidaire de l’Ukraine de ses couleurs d’ambre du jaune au brun rêve de promenades sur un tapis de fougères dans les sous-bois du Dombas

RMQ