Et il m’a serrée, n’a pas bu le vin que j’avais commandé. J’étais lovée, déjantée, visiblement ridicule, lèvres accessibles, ses doigts contrôlant quelques promesses. Nourrir la caresse pour faciliter la première avance.
RMQ
Depuis sa droite, il voyait son frère qu’il avait vu deux jours plus tôt sur le parvis. Nous avions ramené un coffre de vêtements. Derrière, son voisin autiste avait doucement quitté ses habits de la rue.
J’ai du, face à la meute absurde, livrer plus de tulipes avant de me rasseoir.
Sylvie
Un soir, je trouvais la mer retirée, comme une apparition qui toujours m’attirait. Seule, face aux limites du vide, vaincue, perdue dans les chemins remplis d’ombres de l’horizon, j’attendais la place intemporelle et vague d’où surgirait le sens. Un visage découpé sur le sable, d’un ancien ou d’un sage, j’aurais juré qu’il était là pour moi, qu’il m’attendait, présage d’un roman.
Annie Brottier
Débords, des bords de texte
Sarah, Manon et moi trépignions devant le paquet aperçu. Tout au long de la journée, forcément nous regardions ce paquet sur l’étal. Notre esprit, bien sûr, pendant ce temps, espérait.
C’est alors que j’empoignais le paquet de toutes mes forces. Je m’imposais, battais Sarah qui avait ri, puis j’ai traîné Manon qui me précédait.
Hein ! C’est que ce paquet ressemblait à un chien, et même il s’agissait d’un chien. Contre leur gré, je l’embrassais. Il existait.
Nicole
Depuis toujours, elle était vouée à être professeur de littérature. Ses enseignants n’avaient cessé de la presser dans cette direction, en raison de son intelligence et de la compréhension vraiment merveilleuse de ses lectures.
Mais ils blâmaient la légèreté de son esprit, car Manon mettait ses talents au service de petits morceaux de texte futiles. Des conneries ! lui reprochaient-ils, qui n’étaient pas à la hauteur de ce qu’elle pouvait révéler si elle se donnait à fond. Pour elle, cela pesait comme une chaîne trop lourde.
Dominique Benoist
Le soir, j’avais comme toujours l’horizon de la mer et le vide vaguement rempli d’ombres et de presque apparitions.
Quelques places ou choses – le canapé – m’attendaient et gueulaient … comme si, les enfants retirés, nous avions toujours pensé à retrouver son passage.
J’ai attrapé un ancien roman. Lui pouvait me faire sortir, me faire franchir, résoudre les pensées.
À la lisière de la science-fiction, les androïdes se rient de la condition humaine.
À la lisière de la culture s’affrontent les jugements de l’identité.
À la lisière de la théorie intrasexuelle, le mouvement « ressentimisme » prend vie.
À la lisière de ses adieux, grondait une révolte insoumise.
À la lisière du temps qui passe, commence un temps médian.
À la lisière de l’actualité s’endorment les rêves d’égalité.
À la lisière de l’Amérique de Trump s’éveillent stupeur et tremblements.
À la lisière des vies dérobées, les larmes de patience s’épuisent.
À la lisière de l’inspiration, la banalité rôde.
Annie Brottier
A la lisière de la fiction, l’imaginaire le submerge.
A la lisière du temps, une sinistre solitude.
A la lisière de l’espace, dans un tumulte opaque, elle s’abandonne.
A la lisière de la vie, la joie de la découverte.
A la lisière des mots, je fais taire mes maux.
A la lisière de l’étreinte, les sens en éveil, la panique le saisit.
A la lisière de la mort, une grande paix puis l’abandon.
A la lisière de la joie s’est invitée la confusion.
A la lisière du divin, démontrer la misère de l’homme sans dieu.
A la lisière de l’abandon, surgit la peur puis la colère.
A la lisière de la liberté, un instinct primaire l’envahit.
A la lisière de la servitude, je choisis mes barreaux.
A la lisière du plaisir, il oublie son combat.
A la lisière du désespoir, c’est la mort sans cadavre.
A la lisière de l’impossible, il tenta tous les possibles.Clarysse
A la lisière de l'espace blanc, respecter les distances entre écriture et existence.
A la lisière de Rohmer, parier sur l'amour et les sentiments.
A la lisière du glissant miroitant, se baigner les yeux pour retrouver l'équilibre du corps meurtri.
A la lisière d'un tourmenté paysage intérieur, célébrez
la source d'eau vive, les délices, la suavité, la délectation, le plaisir, le bonheur !
A la lisière de la discipline, penser ouverture bienveillante et envoûtante.
A la lisière des photos de famille anonymes, découvrir sa propre histoire, les peurs et les sorties de route.
A la lisière de la gauche baudruche, réinventer l'envie de bâtir un avenir juste.
A la lisière de l'obscurité, c'est le gris.RMQ
À la lisière de la prison, je découvre derrière mes barreaux, un monde que je croyais perdu pour l'éternité.
À la lisière de l'éternité, je découvre un trou minuscule où, je vais pouvoir m'y enfermer en sécurité, y pleurer et gémir sans cesse.
À la lisière de mon engagement, je prends le risque de l'auto-analyse et de la parole sur soi.
À la lisière de la résonance, je découvre le frisson de ce qui est invisible pour contrer l'intérieur des choses, de l'autre côté.
À la lisière de la puissance, je me sens étrangement perdu, seul je découvre mon impuissance.
À la lisière de l'amitié, mes sens sont saisis de vertige, j'ai donné si peu.
À la lisière de ce tango, mon sang s'est mis à flamboyer, j'ai découvert la passion.
À la lisière de ma complaisance, j'ai découvert que j'étais un cancre absolu et une dyslexie s'est emparée de moi.
À la lisière de l'essentiel, j'ai perçu de la profondeur, de l'enthousiasme et de la générosité, aussi.
Didier
à la lisière de l'effroi le cœur explose
à la lisière de la parodie se trouve un canard déchaîné
à la lisière de la sidération l'onde de choc dévore les âmes
à la lisière du voile se cache une ravissante idiote enfermée dans sa burqa
à la lisière du stylo surgissent les mots,armes de destruction massive
à la lisière du temps sonne le glas d'un monde sauvage
à la lisière de la steppe se côtoient les mystères chamaniques
à la lisière de l'aube remonte les démons coincés dans les abîmes de l'inconscient
à la lisière du ciel à quel saint se vouer ?
M. Odile Jouveaux
À la lisière des défenses, on pourrait installer le vide
À la lisière de la conscience, on meurt d’envie de s’abandonner
À la lisière du sable règne l’indétermination
À la lisière de l’impossible on trouverait des chefs d’œuvres
À la lisière de la souffrance, il n’y a plus de confiance
À la lisière de la tristesse Françoise Sagan nous salue
À la lisière des nuages les couleurs se fondent
A la lisière de mon cœur les sentiments battent la chamade
À la lisière de la librairie les pages s’envolent dans le vent
À la lisière de ce roman je plonge dans les affres du suivant
A la lisière du poème il y a des jeunes filles en fleurs
A la lisière de l’adolescence tous les possibles sont permis
À la lisière du plaisir le contrôle est incontrôlable
À la lisière du temps faut-il choisir son camp
À la lisière d’un autre monde elle espère une autre vie
A la lisière du passé cette histoire n’a pas eu lieu
Laurence Balguérie
Il y eut un soir, il y eut un matin. Terre et eau confondues, corps enlacés, regards effrayés, étonnés, création d’un monde surgi de l’eau, nourriture céleste de la terre-mère, mère de toute vie. Les hommes sont nombreux, nus, en groupe, en couple, le papillon géant butine un chardon bleu, les oiseaux énormes observent la caravane burlesque qui s’éloigne lentement. Dans la nuit, la chouette observe le chaos. Création divine, frénésie insolite, songe extravagant, concentré de vie, nous sommes entrainés dans une danse insolite.
Point de vue d’un enfant
Beaucoup de monde, des hommes tout nus, il y en a un qui fait l’arbre droit dans l’eau. Une cigogne a fait son nid entre ses jambes. Les oiseaux sont plus gros que les hommes. Un petit rat observe un homme caché à l’entrée d’une sorte de fleur. C’est comme dans un rêve. Un vrai faux rêve. Ça donne envie d’aller se baigner dans l’eau très bleue. C’est le bazar. On peut tout faire, se baigner, enlacer la chouette qui se laisse faire, attraper des gros poissons qui vivent hors de l’eau. C’est magique. C’est vrai mais quand même un peu faux.
Point de vue de la couleur : blanc
Les corps sont nus, blancs nacrés, blêmes. Le blanc est plus net dans le monde animalier. Voyez la chèvre surmontée par deux pélicans ou le cheval caracolant auprès du lion. Le jabot du chardonneret géant qui observe le couple dansant dans l’eau bleutée.
Marie Odile Jouveaux
Portraits
Cette œuvre est constituée d’un nombre important de portraits, parfois figures foisonnantes comme celles situées au premier rang en bas de la peinture : portraits en buste d’hommes et de femmes aux visages amusés, se touchant les têtes et les corps dans un entremêlement de bras et de cheveux ou en ronde, immergés dans l’eau. Symboles paisibles d’une humanité heureuse entourée de fruits à déguster.
D’autres sont représentés en couple nus et unis, accouplés parfois en des gestes érotiques, certains semblant animés comme dans une danse ; d’autres encore chevauchent des animaux fantastiques en des poses très suggestives membres presqu’écartelés et sexe offert.
Ils semblent se diriger ensemble vers une destination prometteuse dans leur innocente crédulité, bêtes et gens mêlés. Un couple au centre, protégé par une sphère végétalisée, regarde avec confiance, comme par une fenêtre, le monde qui s’offre à eux.
Point de vue cinématographique
Ce tableau est une succession de scènes qui, prises l’une après l’autre, constitueraient le scénario de la Création. Un long travelling latéral pour la marche, en haut du tableau, pourrait être le point d’aboutissement et la synthèse de cette Création en mouvement où mondes végétal, animal et humain se côtoient. La première apparition à l’écran serait ce couple primitif, sortant de la bulle transparente d’une fleur et qui, après l’exploration timide de leurs deux corps, crèverait la paroi et partirait rejoindre leurs congénères, d’abord dans le bleu de la mer où une vue en plongée oblique les montrerait, dévorant un énorme fruit, source de vie. Des oiseaux géants aux cris perçants mais harmonieux constitueraient la bande son et leur mélodie accompagnerait leurs découvertes. Une caméra à l’épaule pénétrerait les groupes entassés pour en montrer les liens serrés et les visages en gros plan tour à tour paisibles ou intrigués. La boule centrale flotterait doucement au gré des ondulations de l’eau.
Cette œuvre donne à voir ce partage d’écran où l’espace évolue au fil du temps et nous emporte dans ses tribulations.
Scénario original et réalisation Jérôme Bosh
Point de vue d’un spectateur contemporain du peintre
Quel étrange tableau que celui de ce peintre, Jérôme Bosch, qu’il a intitulé le Jardin des Délices. Je ne sais ma foi pas, s’il s’agit d’une œuvre à caractère sacré comme le sont généralement les triptyques ou une perversion du genre. Après la première impression de surprise passée, tant cette peinture foisonne de figures fantastiques et étonnantes on décèle la volonté de représenter les hommes d’avant le péché. Adam et Eve trônent au centre du tableau, protégés par une membrane rosée et sont en harmonie avec le monde qui les entoure. Les éléments de la Création, tels que nous le révèle la Bible, végétal, animal et humain ainsi que les quatre éléments, terre, feu, air et eau s’entremêlent comme dans un espace idéal. Point de perversité, les corps nus jouissent de leurs sensations , hommes et femmes s’unissant l’un à l’autre dans un paradis abondant en ressources, poissons, animaux terrestres et oiseaux les accompagnant pour leur bien- être.
Pourtant certains détails contribuent à nous interroger sur le devenir de cette humanité : des figures inquiètes et même tourmentées insinuent chez le spectateur une certaine angoisse ; quelque chose dans les postures parfois tête en bas ou silhouettes cassées nous forcent au doute. Finalement on est presque au bord de la gêne. Sous-jacent à ce paradis se profile la catastrophe à venir : le Déluge ou l’enfer ?
Cette peinture a t-elle sa place dans une église comme c’est le cas actuellement ou le commanditaire doit-il le conserver à titre privé comme une œuvre profane ?
Point de vue du noir
Cette peinture dans les couleurs primaires jaune, bleu et rouge semble par endroit pervertie par un noir velouté qui ne s’affirme pas mais sème le doute sur la beauté de l’ensemble.
La coquille, sombre, aux noirs reflets, emprisonne un corps et est portée comme un lourd fardeau par un homme qui ploie sous sa charge. Comme une tache qui s’inscrit en contraste avec l’ensemble et nous interpelle .
Josette Emo
Point de vue : interview
– D’où vous vient tout cet imaginaire ? Ces êtres fantastiques, vous les avez rêvés ?
– Effectivement c’est un monde onirique, fascinant, qui n’est pas la reflet de la réalité ; et c’est ce qui m’intéresse. J’ai pu, pour certaines, les tirer de rêves, c’est fort possible mais je n’en ai pas la certitude.
– Y a t-il un sens particulier à ce tableau ?
– Le sens que je lui donne n’est pas forcément le même que celui que vous y trouveriez. On ne peut faire un cours sur ce tableau, ce n’est d’ailleurs pas du tout le but, bien au contraire. Il n’y a pas un sens, seul et unique à lui donner ; sa richesse est justement le ressenti qu’il inspire chacun et chacun y va de son imagination. Chaque personne va y voir une histoire particulière en fonction de son propre vécu. Certains vont le trouver angoissant parce qu’il est trop loin de la réalité, d’autres y verront des scènes de bonheur, de volupté, d’autres un mélange des deux, l’enfer et le paradis réunis. C’est pour ça que je peins, pour susciter l’imaginaire.
Point de vue philosophique :
Quel est le sens philosophique de ce tableau ou plutôt quel est son non-sens ?
On peut dire que cette œuvre n’a de sens que par son non-sens.
A priori, elle représente le monde, la vie, les hommes, les animaux, les fleurs, un mélange de la vie terrestre.
A l’analyse, le sens est difficile à trouver.
Après questionnement, on pourrait dire que l’intérêt de cette œuvre est qu’elle ne veut rien dire ou plutôt qu’elle signifie des milliers de choses, toutes différentes les unes des autres selon l’inspiration et l’imaginaire de chacun.
Que veut dire un couple dans une bulle ? un homme prisonnier d’une coquille de moule, un homme enlaçant une chouette, des personnages à cheval sur une sorte de chat, qui n’en est d’ailleurs pas vraiment un..Des fleurs et des fruits plus gros que les êtres humains, un énorme oiseau donnant la becquée à ses oisillons humains ?
Ce sont des symboles ; mais quels symboles ? Il en existe sûrement des milliers, tous seront valables car tous viendront de votre ressenti.
Point de vue d’un personnage du tableau :
Allongé dans sa coquille, il fait le mort. Ou bien il est vraiment mort. Peut-être qu’il dort. les personnages autour de lui semblent plutôt paisibles et profitent des fruits terrestres. A -t-il avalé la moule et succombé pour avoir trop mangé ? Ou bien est-il lui-même devenu moule ? Un humain prisonnier ? La coquille semble ne pas pouvoir se refermer.
Son ami le transporte plus loin. Peut-être a-t-il l’intention de l’immerger dans l’eau claire pour tenter de le ranimer ?
Les personnages autour de lui sont indifférents, trop occupés à profiter de tout ce qui leur est offert. Ce qui est étonnant est qu’il est le seul à ne pas profiter de la fête ; est-il celui qui symbolise la mort ? Juste pour rappeler que l’être humain est mortel et que le plaisir n’est pas éternel ?
Point de vue du bleu :
Le bleu est très présent dans le tableau. Les fleurs, les fruits, grosses mûres bien charnues, le bleu de l’eau aussi.
Le bleu c’est le ciel, la mer, les rivières, la couleur des yeux des nouveaux nés..
Le bleu du tableau est plutôt foncé tout en restant lumineux ; tout ce qui est coloré en bleu est symbole de beauté, de plaisir, les fleurs, les fruits, l’eau dans laquelle on se baigne. Il donne une note de gaité, à l’inverse des autres couleurs du tableau. Il donne de la lumière. IL est symbole de paix et d’apaisement.
Clarysse
Point de vue éditorial :
Dans cette œuvre, Jérôme Bosch, se projette dans deux univers, distants de près de 3000 ans. Son imagination pérégrine d’abord aux environs de l’an un, quand il couche sur la toile son interprétation ésotérique du Jardin des Délices – que l’on situe dans un premier temps juste après la tentation du Jardin d’Éden. La feuille de vigne est tombée, découvrant sans contrainte, la nudité jusqu’aux confins de la bestialité, annonçant les prémices de Sodome et Gomorrhe.
Mais Jérôme Bosch, va plus loin dans son écriture et visionne par le biais de ses pinceaux, dans l’esprit Nostradamus, les années 3000 de notre ère. L’humain aura alors perdu toute créativité et sera redevenu bestial. S’accomplira ainsi l’ultime Révélation, d’où se refermera définitivement ce monde, étouffant le vivant – image de la moule qui se referme sur la vie.
Point de vue musical :
Le lyrisme de l’œuvre de Jérôme Bosch, nous fait penser au son de la scie-musicale, à ses vibrations modulaires ou infinies. Ses variations sont étranges et nous envoient au confins… hors de l’espace temporel. Tout comme les vivants de cette toile, dans une harmonie invraisemblable, la tonalité de cette œuvre semble se diluer dans l’éternité, attendant probablement son point d’orgue, le son de la Cymbale Divine.
Point de vue d’une spectatrice actuelle :
Emmener sa fille de quinze ans dans un musée est déjà une gageure en soi. Mais interroger ses sens sur l’œuvre de Jérôme Bosch, au travers de sa toile Le jardin des délices, semble encore plus abscons. D’abord, elle ne sait pas trouver les mots et interroge illico Google. _ Comment qui s’appelle le peintre ? Puis, après avoir balayé les deux ou trois premières lignes du résumé, s’arrête net. Trop long, sans intérêt. Alors, elle me regarde et dit : Il ne devait pas être très bien dans sa tête ton Bosch, j’peux pas imaginer un instant, qu’un oiseau géant m’donnerait la becquée. Et toi, papa, à part les filles à poil, tu y comprends quelques choses ?
Point de vue du jaune :
Si, Jérôme Bosch avait été optimiste en peignant ce tableau, il aurait sans doute employé comme note dominante, le vert, vert nature, vert espoir, ou le bleu d’azur peut-être !
Alors, il faut croire qu’en cette période de sa vie, qu’il fut plutôt maussade, voire pessimiste en transformant le monde d’après Adam et Eve en un jaune perturbé, un jaune bileux, un jaune vomi, un jaune moisissure. Sur sa représentation, aucune couleur n’est vive. Rien ne reflète l’espérance, rien ne dépeint le bonheur. Au contraire, J. Bosch empreint d’un certain réalisme, se sert du jaune pour altérer les autres couleurs. Il nous fait renter dans un univers psychédélique, ou plutôt psychiatrique en utilisant un jaune comme on peut en voir dans les couloirs des asiles, afin d’annihiler toutes euphories excessives. Même quand on regarde les corps humains du tableau, ils apparaissent déjà, être en déliquescence, jaunit d’une mort prochaine.