Il reste une heure avant le concert. Et le chanteur veut la vivre d’une manière la plus merveilleuse qu’il soit, dans une forêt, celle d’Eavy, en automne, en suivant la ligne des Limousins. Le soleil joue à travers les branches des arbres qu’il aime tant. Il préfère embrasser tendrement le frêne, amoureusement le charme, comme un frère le frêne et durablement l’érable. Lire la suite
Percevoir l’invisible
La dernière heure
« C’est votre dernière heure » Séance d’écriture, invisible temps, imprévisible et pourtant. J’ai la tentation de laisser libre cours à des désirs qu’en aucun cas je n’aurais cru pourvoir assouvir, à des envies que jamais je ne me serais accordée le droit de satisfaire. Mais après tout, à la dernière heure, tout peut être permis, qu’aurais-je à perdre ? Autant en profiter à fond et partir avec un sentiment de plénitude, celui qu’on ressent à l’obtention d’un objet longtemps convoité ou à la réussite de l’épreuve qu’on redoutait. Lire la suite
Un temps certain
Ce matin là, je me lève dès l’aube. Pas de temps à perdre, on dit qu’il est compté. Comment combler ce temps ?
L’aube, enfin c’est plutôt quand je veux. Plus d’obligations de réveil depuis peu de temps. C’est déjà une première merveille. Prendre le temps, perdre son temps… comment savoir !
Je me lève donc, le pied droit en avant, je quitte la maisonnée sans bruit, tous sont encore endormis. Lire la suite
La voix de la femme
Quelle personne met-on derrière une voix enregistrée ?
Profonde et chaude, chatoyante en modulations, la voix de la femme m’entraîne dès l’instant où je l’entends, dans son monde intérieur, dans le moment de sa vie qu’elle raconte et décrit. Sa voix est posée, elle n’a pas d’âge et s’écoule sans heurts, pourtant ponctuée d’arrêts qui marquent l’intensité des mots. Je sens qu’elle a vécu cette femme, qu’elle a souffert et je devine son regard intense et ses paupières ourlées de longs cils noirs. Lire la suite
Combattante
Quelle personne met-on derrière une voix enregistrée ?
La voix est chaude, calme. Elle parle, face caméra, essayant de cacher son angoisse, presque détachée sans regard vers l’extérieur. Pourtant, on la sent tendue, tendue vers son histoire.
C’est une belle jeune fille, grande, élancée, à peine sortie de l’adolescence. Elle est éduquée, réfléchie, mature, déjà presque une femme. Lire la suite
Invisible
Quelle personne met-on derrière une voix enregistrée ?
J’écoute le reportage de radio Bégum autour du témoignage de Hamida. Une voix dans ma cuisine, un souffle qui me touche. Cette femme qui raconte semble marquée par la résignation. Elle est belle, c’est certain. Cachée sous un voile, je la devine assise, les jambes couvertes d’un pantalon noir caché sous une robe large et longue de même couleur. Lire la suite
Sous la main… un objet
Il est lourd et pourtant peu volumineux. Sous la main les aspérités se découvrent et les volumes aussi : un socle, une anse où le doigt trouve sa place et un réceptacle rond et régulier ; un autre doigt glisse pour en faire le tour, caresse un intérieur doux et chaud. Le socle d’une rondeur parfaite supporte les deux accessoires. Lire la suite
L’objet dans le sac
Tout d’abord, il nous faut trouver le sens, le bon sens, avec tac.
Tourne, retourne, touche, retouche… la main dans le sac.
A plat, allongé, aspérités, d’un côté,
les doigts s’accrochent,
Platitude, longiligne, sur l’autre côté,
les doigts glissent,
sur les flancs, efflanqués, il s’affine. Lire la suite
Je touche, je tâte…
Je touche, je tâte… la forme générale ? Plutôt rectangulaire. Un objet froid que je retourne. Ah, un creux , rugueux par endroits. Mon doigt accroche, sensation désagréable comme la râpe à gruyère. Je sens presque la douleur de la peau arrachée et le sang qui perle. Souvenir récent d’un épluchage. Au fond de cette cavité la surface est toujours râpeuse et je m’en extirpe avec soulagement. Rien d’autre apparemment à voir, enfin à sentir. Lire la suite