Le sommeil des justes – divagation  

L’homme à la robe pourpre est assis au bout de la terre, au bord de la mer. Il veille, attentif à ce qui se passe autour de lui. Il est tout à sa tâche, serein. Appuyé sur le genou il tient un crayon dans sa main droite, écrit sur un ruban de papier blanc, écoutant les indications de l’ange qui, au-dessus de lui, nomme chaque nouvel arrivant, candidat à l’entrée sur cette langue de terre. Deux anges marins de l’espace maintiennent le frêle esquif qui vogue sur la mer. Pas de frontières, seules les étoiles indiquent la direction. À bord, un jeune homme incite ses compagnons à prier. Ne vous inquiétez pas je devine par-delà l’horizon une terre inconnue qui saura nous héberger. L’homme au drapé rouge écrit, les noms s’accumulent sur ce long ruban qui flotte entre terre et ciel. Lire la suite

La fin du monde en fête – JOIE

Sur le tarmac la foule se presse. On leur a dit : embarquement immédiat, dernier vol programmé pour l’ultime envolée dans un monde rêvé. Un bagage à main suffira. N’oubliez pas d’emporter de la gaieté, de la joie, votre sourire, un soupçon d’allégresse, une touche de plaisir, quelques divertissements, le voyage sera long. Nous avons besoin de l’enthousiasme de chacun(e).

Si le rire se déguste sans limites, maîtrisons nos transports, plongeons dans l’ivresse du moment qui nous fait basculer dans un bonheur sans fin.

Une fois installés à bord, la compagnie Apocalypse for ever propose quelques réjouissances afin de fêter votre départ dans la liesse et le ravissement. Lire la suite

Une belle image décryptée

Tapisserie du Château d'Angers
Tapisserie du Château d’Angers

Mesdames et messieurs, voici une des plus belles images qu’il nous est donné de voir dans cette tapisserie. Après vous en avoir présenté les éléments, je vous dirai ce qui fut à l’origine de son inspiration.

Au centre de l’image figure Hippolyte. Comme on le voit, c’est un écrivain, manuscrit en main. Son récit requiert beaucoup d’imagination. Heureusement, il dispose de deux muses, lesquelles prennent en général l’apparence d’anges gardiens (heureuse initiative qui éloigne tout soupçon de la part de l’épouse d’Hippolyte, au caractère quelque peu jaloux). Cependant le fait qu’ils soient deux complique la vie d’Hippolyte, car chacun propose ses propres idées, pas toujours en accord avec celles de l’autre muse.

Hippolyte s’est d’abord tourné vers le petit ange qu’on voit à gauche et qui se nomme Gelas. Celui-ci est un peu vieux jeu, comme on le voit à son emblème, un rouleau de papier qui a précédé le volumen. Ravi d’être consulté, Gelas propose une intrigue très fleur bleue où il est question d’amours contrariées entre un chevalier et une douce bergère.

Hippolyte aime bien Gelas, mais il trouve le sujet quelque peu convenu, d’autant qu’il fait intervenir un dragon et que ce deus ex machina semble fort éculé.

A sa droite, Arille, l’autre muse, fait montre d’intentions plus ambitieuses. Ainsi il désigne de sa main droite un groupe de figures inquiétantes. Dans un premier temps, Hippolyte y verrait bien des diablotins, mais, à y regarder de plus près il y reconnaît les visages de quelques personnages connus.

Arille penche lui aussi pour une histoire d’amour (car rien ne séduit davantage le public) mais il se refuse à proposer pour obstacle quelque fleuve à franchir ou montagne à gravir. Tout cela lui semble mièvre.

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Tapisserie du château d’Angers

Dans la forêt de sapin, sous un ciel d’hiver étoilé, un berger, un tendre agnelet juché sur ses genoux, attendait patiemment que les enfants auxquels il avait signe de le rejoindre sortent de leur abri pour grimper les quelques marches qui menaient à lui. Un livre à la main, il s’apprêtait à leur enseigner les règles de l’élevage ovin et les commandements d’un bon berger. Les trois enfants serrés les uns contre les autres se frottaient les mains pour tenter de se réchauffer. Soudain surgit dans un tintinnabulement de sonnailles qui firent fuir derechef le pauvre agneau effrayé, un manant aux pieds nus enveloppé d’une longue houppelande rouge.

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Tapisserie du château d’Angers

… Mais avant de rejoindre le Nirvana, la vision ultime, notre divination, il nous fallait encore vaincre nos vieux démons, et nous primes nos dagues et nos lances pour combattre nos dernières résistances à vouloir rester encore un peu dans le vieux monde, enfermer dans notre petitesse, bloquer dans nos geôles respectives.

Et la bête était déchaînée, crachant de ses sept têtes, chacune leur suprématie spirituelle ou matérielle.

Et l’une, devenue langue de feu vantait les mérites de Dieu, mais, il y avait tant de dieux !

Et l’autre sournoise, pointait l’orgueil et la vanité comme complaisance individuelle, mais, pour mener à quoi !

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Vision

Je fonds dans l’alacrité et l’enjouement, aujourd’hui commence l’apocalypse.

L’ivresse de la vision du nouveau monde, me transporte dans une jubilation sans pareil.

Il est enfin là, le jour de l’épanouissement est venu et je prends avec délectation et griserie, l’idée de mon transfert vers le nirvana.

Finis le temps d’anxiété sans consolation, fini ce chemin de croix sans béatitude.

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Alléluia !, psalmodiaient avec béatitude prêtres, chamans, imams, bonzes ou rabbins, tous les  représentants des croyances divines de par le monde.

À la naissance d’un monde nouveau ! célébraient dans l’ivresse rois, présidents, empereurs, dictateurs, tous les représentants du pouvoir de par le monde.

À l’avènement de l’apocalypse !, scandaient les foules exaltées dans les rues des villes de par le monde.

À une destinée nouvelle ! chantait avec bonheur le reste de l’humanité, dans les maisons ou dans les champs de par le monde.

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Le présent du présent, l’attention

Robert COMBAS (1957)

Joueur de pipo poète et non brut

Acrylique sur toile
Signé et daté 90 en bas à droite
Titre complet : « Marcelin de la lune se fait une petite mélodie jolie adossé à un buisson dans la campagne au milieu de fleurs et de l’herbe verte. Dans son imagination, il voit défiler des êtres rigolos et gentils qui se mélangent et s’assemblent comme des puzzles en jouet de bébé. Un corps de belle femme s’avance, elle a une tête de lune et lui il a la « boule à zéro »

En ombre noire, un joueur de flûte presqu’ au centre, mal assis sur un gazon fleuri de jaune.

En train de s’asseoir ou en train de se lever ?

Nul ne saurait dire, nul n’était là pour voir… à sa suite l’arche de Noé peuplé de bêtes et d’êtres aux cris inintelligibles. Des membres s’entremêlent, ce côtoient, se touchent, remplissent la toile jusqu’à la saturer. Pas d’espace vide, aucun silence et partout des yeux aussi sots que grenus. Tout un peuple dans une jungle folle qui s’ébroue et cherche à se faufiler entre les branches rouges d’un arbre tentaculaire. Un crocodile bleu a avalé un alligator piquant.

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Le présent du présent, l’attention

Robert COMBAS (1957)

Joueur de pipo poète et non brut

Acrylique sur toile
Signé et daté 90 en bas à droite
Titre complet : « Marcelin de la lune se fait une petite mélodie jolie adossé à un buisson dans la campagne au milieu de fleurs et de l’herbe verte. Dans son imagination, il voit défiler des êtres rigolos et gentils qui se mélangent et s’assemblent comme des puzzles en jouet de bébé. Un corps de belle femme s’avance, elle a une tête de lune et lui il a la « boulle à zéro » ».

Ô toi qui joues de ta flûte et portes cravate et anneau à l’oreille, toi l’homme noir, c’est de ta mélodie que naissent les images enchevêtrées et colorées qui t’entourent. Toi qui es bien installé, tu as arbrisseaux et herbe verte, feuilles mordorées et tronc d’arbre rouge pour dossier. Et tu joues, tu tapes la mesure de tes grands pieds nus. Les souvenirs s’échappent et occupent l’espace, ils s’imbriquent, cernés de noir sans se mélanger. Et à chaque battement de la mesure surgit une nouvelle silhouette, instant présent d’un passé ressuscité par les notes égrainées en chapelets virevoltant.

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