Quelle personne met-on derrière une voix enregistrée ?
J’écoute le reportage de radio Bégum autour du témoignage de Hamida. Une voix dans ma cuisine, un souffle qui me touche. Cette femme qui raconte semble marquée par la résignation. Elle est belle, c’est certain. Cachée sous un voile, je la devine assise, les jambes couvertes d’un pantalon noir caché sous une robe large et longue de même couleur. Ses yeux sont verts, embués et traversés en partie par une mèche de cheveux noirs rebelles, rebelles comme ceux qui entourent le taxi brinquebalant. Sa respiration profonde mais irrégulière ponctue des phrases violentes enveloppées de douceur. Elle est jeune et elle porte la vie. Elle me confie son témoignage à voix douce, comme un secret à partager, surtout ne pas déranger le petit être qui grandit. Ses mots me font vivre le ciel bleu, le soleil, la beauté de la vie qui contrastent avec la guerre.
Elle aime, son père, son petit, la vie, je veux la serrer dans mes bras et la bercer.
RMQ