Assise sur la plage de sable, la tête couverte du châle vert océan de ma grand-mère, je contemple la mer bleue encore plus bleue.
Sur mes genoux un livre des œuvres de Zao Wou-Ki s’est ouvert sur l’estampe Saint-Tropez. Il n’y a pas de hasard, pas de hasard. Ces mots m’ont longtemps accompagnée.
Non pas de hasard,
Regarde la page et regarde toi.
La couleur verte des yeux de Marie, ma grand-mère, très sombre pourtant.
Elle crie au secours, à l’aide, aidez-moi, sauvez-moi…..
Je l’entends dans le brouillard des couleurs, bleu aigue-marine, bleu outremer, bleu pétrole, tohubohu de nuances, bagarre de pochoirs.
Moi aussi, la plage de Saint-Tropez, il n’y a pas de hasard, je ne suis plus seule. Écho me livre en secret son message. La répétition du malheur peut être stoppée. Après le sang versé, l’apaisement vient. Elle me murmure la subite lumière de la Méditerranée en hiver. Et ma Marie, en hiver aussi. Hiver profond de la confusion. Écholalie au pouvoir de la maladie d’Alzheimer.
Histoire de la famille déjà entendue, répétée, répétée et répétée….
Je suis dans la lignée : Écho, faut-il reproduire, reproduire, reproduire…….
RMQ
