Une fugue fantastique

Je suis enfin arrivé, l’inquiétude qui m’a envahie tout le long du chemin s’est vite dissipée.

Tout de suite, quand j’ai ouvert la porte de cet univers tant de fois imaginé, j’ai été  saisi  au delà de toutes mes espérance par une empathie, je dis bien une empathie pour tous ces objets aussi hétéroclites les uns que les autres. Répondant à l’appel, ils sont là, tous, rassemblés pour le grand colloque des émotions irrationnelles.

Il y avait là, des serpentins noirs, des serpentins blancs; des noirs et blancs qui semblaient heureux de flotter hors de toutes contingences humaines, sans risque d’être balayés puis rassemblés dans un grand sac, jusqu’à l’étouffement.

Baudruche, le ballon s’était déguisé, prenant un air de carnaval avec ses longues moustaches à la Dali éclairé lui-même par une comète qui avait tenu à traverser d’innombrables espaces interstellaires, pour être présente à ce grand rassemblement.

Même le petit poisson Arlequin s’était déplacé avec sa piscine, probablement pour transmettre son inquiétude sur l’état des fonds marins.

Il y avait aussi, venu droit du royaume d’Hadès,  un petit démon apportant avec lui le fil d’Ariane. Il aurait tant de choses à dire, peut-être même, espérait-il qu’on le déchargea de cette mission qu’il lui pesait depuis tant de millénaires.

Quant au dé à jouer culbuté mille fois, lancé sans ménagement par mille mains, il venait non seulement rendre compte de sa condition de maltraité, mais encore amener son témoignage sur l’empire des jeux. Mais avant ce grand déballage, il avait accepté un rôle temporaire avec une certaine fierté, un rôle beaucoup plus statique et reposant qui consistait à servir de promontoire à un orateur libellulien fantastique qui échangeait son propos avec une horloge bien énigmatique, s’expliquant sans doute sur les ressort de l’humanité.

Le bonhomme de neige au clair de lune, venu avec destin sans doute, avec un croissant de cette dernière, avait probablement besoin de nous éclairer sur une nouvelle manière de voir le monde.

Le serpent Pharma semblait chanter à tue-tête la fin des grandes épidémies et même, des petit bobos. La musique battait son plein, le violoncelle avait couleur soleil. L’œil de la bienveillance, fichu sur son fût magistral, veillait à la concordance.

Plus j’avançais  dans cet univers plus je me sentais connecté. Je me sentais, plus objet que jamais, avec un sentiment d’immortalité, d’immatérialité.

Mon enthousiasme d’avoir pu échanger avec l’inanimé était tel, qu’il fallait que je témoigne. La fenêtre étant ouverte, je redescendrai tranquillement par la grande spirale orange, raconter le monde du merveilleux.

Didier d’Oliveira

Laisser un commentaire