
Elle rêve seule, les yeux dans le lointain
Plongée dans un ailleurs, un livre à la main
L’histoire la transporte. Comme une échappée
Vers le grand Nord glacé sur un bateau dansant
Elle lit debout sur le pont dans le souffle du vent
Autour d’elle les icebergs glissent sur l’eau
Son corps frissonne dans l’espace nouveau
Sur ce bateau fantôme pas de capitaine
Personne aux alentours pas une âme humaine
La mer bleue resplendit sous le soleil éteint
Averse de rouges dans le froid qui l’étreint
Une étrangeté plane au-dessus de ces lieux
L’escapade tourne au cauchemar affreux
Étourdie par le roulis incessant des vagues
Elle cherche des yeux une lumière, divague …
Là, à ses pieds, tout près, se pressent autour d’elle
Cinq manchots empereurs tombés du ciel
Un léger battement d’aile traverse l’air
Signal amical d’êtres vivants solidaires.
Le livre du bout du monde s’est refermé.
L’angoisse de solitude s’en est allée.
Dominique Pierre