Dans le leurre du seuil

Cut-up écrit à partir d'un poème d'Yves Bonnefoy (Heurte, heurte à jamais ...) et d'un de Louise Ackerman (sur le seuil des enfers...) 

 Sur le seuil des enfers, Eurydice éplorée, dans un suprême effort avait tendu les bras. Le destin la rappelle. Dans la terre noire se jette en criant le passeur vers l’autre rive.
Déjà la barque triste a gagné l’autre bord. Orphée erra longtemps sur la rive infernale. Las d’y gémir il quitta ce rivage témoin de son malheur. On t’enveloppe passeur du manteau des signes, on te parle, on te donne une ou deux clefs, la vaine carte d’une autre terre. Tu écoutes, qui tombe, qui est mort hier. Dans la Thrace sauvage Orphée laissa s’épancher sa tristesse infinie, ce fut le premier chant de la douleur humaine. Alors la poésie émue et colorée voltigeait sans efforts sur la lèvre inspirée. Un sanglot moins profond sort de ce sein brisée. Lecteurs de signes. Quel vent de l’autre face, inentendu, les fera bruire ? Quelles mains hésitantes feuilletteront l’ombre des pages ? Nuée accueille pour dormir dans ta parole, nos mots que le vent troue de ses rafales.

Pour mieux entendre Orphée, au sein de la nature tout se taisait ; les vents arrêtaient leur murmure. Les habitants de l’Olympe éthéré écoutaient charmés et d’une oreille avide, monter vers eux la voix du mortel inspiré.

M. Odile Jouveaux

 

Laisser un commentaire