Espace libre et dégagé
Vide et délaissé
Oublié d’une occupation humaine
Ou dévasté puis livré à lui-même,
Le terrain vague et cabossé
Fera rêver des bâtisseurs habités
De l’envie d’ériger là
Des murs, des tours, un habitat,
Des rues, des parkings, des quartiers entiers.
Et les gamins prisonniers
De ces villes de cloisons
De béton quadrillées en prisons
S’en iront aux franges de l’urbain
Chercher une friche, un terrain,
Un bout de terre abandonnée
Où leurs cris et leurs jeux
Ne dérangeront pas les acrimonieux.
Le terrain vague et ses broussailles,
Ses trous, ses gravats, sa ferraille
Abritera le temps d’un nouveau plan
Les rires et les pleurs des enfants,
Et au crépuscule des cieux
Les rendez-vous des amoureux.
Mais quand arriveront grues et pelleteuses,
C’en sera fini de leurs mines radieuses.
Annie Brottier