L’analyse du site naturel qui se déploie sous ce ciel bleu-marbré, laisse entrevoir une nature sans contrainte, prairie non labourée et entrelacs de cours d’eau non drainés.
Cet ensemble homogène de transition est propice au développement de petits rongeurs, de batraciens, de guppys et fishipédias, d’éphémères et de toutes sortes d’arachnides maritimes.
Ce que perçoit probablement l’œil de la buse, perchée au sommet des arbres de lisière, prête à s’élancer pour un vol plané au dessus de cet écotone des marais, c’est sa disponibilité.
L’alternance des ruisseaux, des flaques gisantes et des rus traversants des landes de terre grasse est propice à l’émancipation des joncs, des osiers ou tous autres plumeaux qui comme des athlètes semblent courir, simplement mus par la brise.
La balance de ce paysage n’est pas économique, tant il y a profusion de pollens que l’on perçoit nettement dans le filtre des ultraviolets.
L’immensité de ce terrain de jeu aux steeples démultipliés, constitue un obstacle naturel aux concurrents déloyaux, aux risques de leur embourbement,
D’un hasard dématérialisé, l’homme à bon escient n’a pas souhaité s’investir sur ce lieu et y couler ses asphaltes.
Le morcellement des landes, où les coursiers éphémères laissent leurs empreintes, constituent des niches adaptées, des mini-réceptacles pour quelques graines isolées qui, en leur temps produiront de nouveaux compétiteurs;
Vestiges d’australopithèques, ces couloirs de tourbières propres aux lisières de marais se suffisent au plaisir et au festin du vivant.
Pur, malgré les outrances de son voisinage, cette réserve naturelle parvient encore à imposer aux humains, cet espace de liberté d’où peut s’élancer sans contrainte, le marathon annuel du printemps des frêles roseaux.
Si l’on cesse de penser au mercantilisme de l’homme, prenons garde en admirant ce paysage unique, que se lèvent de nouveaux Napoléon, aux forêts de pins surpeuplées.
Cet ensemble marécageux réclame les honneurs, car sur son site, on célèbre l’olympe du silence où seuls, l’osier et l’ajonc portent la couronne de ronce.
Didier d’Oliveira