Texte de Didier D’Oliveira

L’almanach

L’ époque du combat Jacques Anquetil & Raymond Poulidor se termine, j’ai devant moi, un vieil exemplaire de l’équipe de 1971 qui titrait : Eddy Merckx devient champion du monde.

Dans un flash, je revois mon père palpiter devant sa dernière acquisition, un poste de télévision. Ses émissions favorites : Vivement dimanche, le tiercé de Léon Zitrone, Interville avec Guy Lux et bien-entendu le célèbre tour de France avec Robert Chapatte.

Cet exemplaire de 71, se mêle à bien d’autres coupures relatant pour la plupart, quelques grands exploits sportifs, Alain Mimoun, Roger Bambuck, Jean-Claude Killy, etc… Ça, c’est pour le carton de mon père, ces coupures aux articles soigneusement découpés aux ciseaux y sont empilées avec moult bulletins de paye, factures d’importance, carnet d’adresses qui ont jalonné son existence. Mon père s’appelait  Marcel, comme Marcel Cerdan, se plaisait à lui rappeler ma mère pour le taquiner.

Le carton de ma mère est bien différent, layette et bottons du premier âge des quatre enfants, coquetiers et ronds de serviette en argent, voilette de mariage et, sa collection d’almanachs des postes et télégraphes qui donnaient tous types de renseignements ; fêtes des jours, dates des marchés et des foires, phases de la lune,

A chaque année un thème orienté sur le romantisme, la chasse et la pêche, les sports, et en 1971 : l’enfance et la jeunesse.

Au sujet des almanachs, je me souviens de l’emplacement précis où il était immuablement suspendu à la maison. Il avait sa place  juste au dessus de la machine à coudre Singer, dans la salle, près de la fenêtre, côté rue, question de luminosité.

Sur l’almanach de 71, le 27 juillet était entouré, avec la petite annotation en marge Dantan. Le simple fait, que cette date seule, fut entourée n’était pas anodin.

Le 27 juillet, était le jour de l’achat, le grand achat  du 3 – 5 – 7 rue du Manoir, la maison qui fut la leur toute leur vie. Dantan était alors l’employeur de ma mère et l’ancien propriétaire de notre maison.

Mais, bien au delà de la seule année 1971, l’almanach symbolisait également la pose du facteur, le verre de rouge, les palabres sur le quartier, la politique et le pourboire, idem que pour le calendrier des poubelliers.

En feuilletant cette collection de cartons aux photos plutôt tendres et bucoliques, me vient en souvenir, qu’à bien y réfléchir, l’almanach était le seul ornement décoratif, si je puis dire, des murs de salle, en dehors forcément, de l’horloge murale.

Finalement en matériel, la nostalgie tient en peu de choses, deux cartons au contenu bien modeste, mais déclencheurs de souvenirs infinis.

Laisser un commentaire