Chronos, toi à qui on attribue la maîtrise du temps, toi à qui on a sacrifié tant de notre temps, toi qui nous angoisses et nous stresses à longueur de temps, tu ne vaux pas même le millième de seconde du temps précieux que je vais te consacrer. Minable chef d’orchestre d’un espace qui n’aspire qu’à être tout simplement, tu es l’instigateur pervers d’une découpe qui régit la vie de la Terre et de ses occupants en tranches inexorables. Passé, présent, futur, vie et mort sont l’apanage de ton pouvoir tyrannique sur la création tant que ton existence perdure. C’est pourquoi, Chronos, je te voue, toi et tes horloges, tes pendules et tes tic-tac, au poteau. C’est pourquoi je t’envoie Chronos, toi et tes actes de naissance ou de décès, toi et les rides et les rhumatismes que tu nous infliges, à la guillotine, aux galères, à l’écorchage, à l’équarrissage.

Annie Brottier