Maintenant un homme meurt en défendant son pays armé par les puissances occidentales qui se tiennent à distance et dans un champ inondé de soleil le riziculteur cambodgien les pieds dans l’eau sème les semences de riz à la volée et dans un village pyrénéen le cortège funéraire pénètre dans l’église au son de La Montagne de Jean Ferrat en hommage à celui dont on célèbre la mémoire et dans le métro parisien hommes femmes et enfants s’engouffrent et s’entassent dans le wagon qui démarre et le corps du soldat déchiqueté par une bombe gît dans le fossé dépouillé de ses chaussures et l’enfant apeuré les yeux dilatés par l’effroi cherche sa mère dans la foule qui le sépare d’elle et le jeune homme le casque vissé sur les oreilles n’entend pas l’alarme qui se déclenche et se fait bousculer et un homme dans la boue et les gravats de l’éboulement tend un bras aux gens qui tentent de le tirer du piège où il s’enfonce et les viennoiseries déposées sur la table s’envolent dans les mains des participants qui les enfournent avec délice sous le regard déçu de ceux qui n’en ont pas.