On trouvera des ports

Dans le port d’A., il y a des marins qui tissent et retissent leurs filets, la gueule faisandée par le sel, la gueule faisandée par l’alcool, la gueule vérolée par celles…

Et sur sa jetée, d’autres pleurent le départ de leurs fils, le départ de leurs hommes. Le temps va être long et, s’ils étaient en danger ?

Et puis, pendant ce temps, d’autres dévident, dégueulant d’écailles, dégoulinant de sang sur leurs cirés verts et leurs cuissardes caoutchouc.

Et, les bimoteurs et les gros diésels qui toussent et qu’on laisse tousser pour maintenir les frigos, mélangeant leur pétrole aux effluves de la mer.

Et, les chaluts hurlant de leurs sirènes étouffées, annonçant leur départ, annonçant leur retour, passant les écluses aux portes impressionnantes.

Et puis, plus loin à flanc de quai, cette armée de caboteurs et de petits voiliers qui s’ennuient à attendre des éternités de vains pilotes pour prendre la mer, pour se délasser.

Et, ces badauds aussi nombreux que les bateaux, qui regardent pour rêver, qui comparent, qui jalousent, qui expliquent des choses qu’ils ne comprennent pas toujours eux-mêmes.

Mais, le port sent la frite, dans ces rades alignés ; faut bien alimenter et rincer tous ces ventres affamés, ces gosiers asséchés.

Et puis l’on y voit aussi les restos à bobos, les restos gastros, les restos de renom qui servent du lieu surgelé ou thon industriel, au nom flatteur de pavé de la mer.

Mais, il y a aussi des magnifiques couchers de soleil, barrés de haubans et de mâts ensommeillés.

Didier d’Oliveira

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