
Longtemps j’ai cru que j’y arriverais. Y pensais-je déjà, entortillonné au bout de mon cordon ? Je ne sais pas, mais à peine défait de ce lien, j’ai chu au plus profond de moi-même, au centre de mon cerveau, dédale anxiogène de méninges, carrefour de connexions infinies, centre névralgique de la pensée, dans lequel aujourd’hui, je reste encore englué.
Au plus loin de mon histoire, je cherche l’eurêka, je cherche la lumière, le bien-être peut-être, le bon sens sûrement, la paix intérieure sans aucun doute, ou encore l’amour absolu.
Mais cette initiation est une prison inextricable. Alors, j’en veux à celui qui a créé la semence, me disant, à quoi bon puisqu’elle redeviendra poussière. J’en veux à mes propres gamètes, à mon propre spermatozoïde qui s’est perdu, même s’il pense avoir trouver son chemin en faisant moi-même, car finalement je me sens toujours aussi perdu dans l’ineffable recherche. Souvent dans cet enchevêtrement reptilien, j’erre à la quête de l’inconditionnel, mais cet inconditionnel sans-cesse déstructure mes convictions et forge mon angoisse.
Souvent j’emprunte des tunnels où je rencontre d’autres âmes dans l’errance qui me racontent que, sur leurs routes, ils ont attrapé un bonheur, mais que celui-ci a fini par leur échapper, faute de n’avoir pu le fixer, ni même l’accrocher au fil. Parfois dans ces méandres méningés, passe un train que j’emprunte – allègre et plein d’espérance – qui m’emmènera vers la lumière, mais là encore, au contraire, il s’enfonce comme les métros qui plongent dans les profondeurs de la terre, sous les vastes mégalopoles. Parfois, comme dans un palais des glaces, je devine l’extérieur, je devine l’amour et je me mets à courir sans anticipation, et sur les parois je m’écrase.
Alors, je crie, mais je n’entends que l’écho de ma propre voix, l’écho de mes propres rêves.
Longue est l’épreuve, épreuve infinie qui ne s’arrête jamais. Pour lors, au plus profond de mon cerveau, je circonvolutionne mes méninges, doutant de l’absolu. Et les années passent, passent et je reste dans ce complexe indémêlable.
Je pense à Pierre matérialiste invétéré mais qui a fini par un grave burn-out. Je pense à Paul qui a connu les femmes, mais qui était fou de masturbation. Je pense à Louis, le grand sportif qui est maintenant obèse et vit dans les douleurs. Je pense à Johnny qui a connu la gloire, mais qui a fini dans l’alcool. Je pense à X et à Y, que je trouve tristes et amers, malgré les apparences.
Alors je m’écarte pour prendre la voie d’à côté, où l’herbe semble plus verte, mais en réalité, rien ne me rassure, rien ne m’apaise comme si, l’on avait obstrué toutes les sorties du labyrinthe. J’ai pourtant l’impression, qu’à côté de ce labyrinthe, existe autre chose, une cellule grise m’en a parlé comme du contentement, mais voilà, c’est à l’extérieur du labyrinthe, et le labyrinthe est bouché. Oui, longtemps j’ai cru que j’y arriverais, parfois encore, j’avance, je tâtonne, j’envie puis je me raisonne voyant l’ailleurs, sachant qu’ils sont tous, dans leur propre labyrinthe et, qu’eux aussi redeviendront poussière sans avoir vraiment trouver le bout du tunnel, l’amour absolu.
Didier D’Oliveira