Extraits du journal de Marlène

Texte imaginé et rédigé par Martial Maynadier
Collage de Martial Maynadier

PREMIER JOUR.

25 septembre 2022

12 H 40

ESSAI DE MON DICTAPHONE

A Bryan Park
Brian Spark et puis je mange un vieux. bizarrerie des transcriptions carré vert au milieu des gratte-ciel parasol jaune et chaise verte des platanes et des chaises vertes des livres en consultation et des pigeons lâchant leurs crottes je regarde l’Empire date building building et je sens les premières gouttes qui tombent un grand espace pour accueillir concert et des grands pots et des grands pots de fleurs blanches les gens sur l’herbe la boutique du pain quotidien des fleurs et des arbres et des gens et des gens qui parlent dans leur langue diverses…  brillante Park brillante brillante pelouse brillante pelouse et l’immeuble noir et doré noir avec le manège qui tourne envie envie de tourner moi-même envie de tourner moi-même au milieu de la pelouse me sentir à New York immensité des gratte-ciel des gratte-ciel une ville qui monte au ciel dont je descends d’hier dont je me suis vu descendre de 12 mm non non je répète de 12h mettre non non je répète de 12 000 M mettre le maître..  et puis zut.

JE REVIENS AU PAPIER

14H 30 au Grand Central

14h44
Jour d’hier le voyage
Ça ça ne compte pas 
À présent Grand Central
Un rendez-vous avec Martial
Café chic Le Cipriani
Un thé  vert au balcon
en contemplant la foule.
Un petit pot de miel
Gâteaux secs pot de lait
La classe… et ça se paie
Plats sucrés mais note salée

Martial sera galant
Surement il va tout payer

Cet espace est grandiose
Les balcons promenades
Me font penser grande mosquée
La  voûte aussi
me rappelle Sainte Sophie
Plus sérieusement je pense
Avoir déjà vu ce décor
Peut-être dans Scarface
De Brian de Palma
En tous les cas au cinéma
Tout est spectaculaire et grand
Monumental ici
Je veux dire aux États Unis
Ils ont le goût de l’impérial
et pour eux ça va mal finir
Pour les empires c’est fatal
Vient le moment d’effondrement
J’ai ressenti cela déjà
Ce sentiment de fin d’un monde
Lors d’un safari au Kenya
Les bêtes étaient encore là
Par milliers dans leurs migrations
Mais jadis c’était par millions.
Et demain ce sera fini.
L’impression  aujourd’hui pareille
De visiter une réserve
En prochaine disparition
Je ne sais pas ce qui m’arrive
J’écris dans le style Martial
Je fais presque des poésies.
Ce doit être son influence
Psychique en l’attendant ici.
Mais le voilà déjà
Qui vient se joindre à moi.

DEUXIÈME JOUR

Washington Square,

26 septembre 2022

11H

 Certains jours j’aimais cette idée
Guetter la défaillance mais encor fallait-il qu’elle fût intense
                   Chantale Thomas : East village blues

Washington Square, je suis venu là pour le roman de Francis James que j’aime beaucoup. Une pure cruauté. Le film avec Olivia de Havilland et Montgomery Cliff le restitue bien… Comment gâcher sa vie et démolir celle des autres… par avarice orgueil ou possessivité… J’avais bien aimé aussi une version théâtrale avec un jean Pierre Cassel éblouissant. Avec lui c’était l’histoire du père et non celles de la fille et de son petit prétendant qui bouleversait. Et le titre français, l’Héritière, était plus explicite. Le titre original rend compte du lieu. Un quartier chic. Ça se voit encore aujourd’hui. On n’est pas à Brooklyn Broadway et encore moins Harlem… la très bonne société.  Blanche et bien élevée, friqués et éduquée. Tout ce que j’aime. Mais est-ce encore le cas?

Tous ces jeunes à casquette et mal fagotés qu’on peut croiser ici !

Et pas mal de noirs et d’asiatiques ! Oui vraiment de toutes les couleurs et tous les genres. La société arc en ciel.

Apparemment c’est bien fini le privilège des WASP. Mais bon. Au fond des choses les riches restent les riches. Ce qu’on voit ici c’est l’écume la surface… Le métal lourd est dans les profondeurs. Avec les grands squales. Ici s’agite le menu fretin dans les reflets coloré des vagues…
Je suis assise sur un banc en face de l’arche en marbre… on se croirait à Londres devant Marble Arch. C’est là qu’on voit qu’au départ ces amerloques ne sont que des copieurs d’anglais… et plus généralement des Européens.  Tiens ce n’est pas un autre titre de Francis James  ça ? Il me semble bien.

D’ailleurs j’ai longtemps cru que c’était un Anglais cet auteur. Donc ici  w 4 !  comme ils écrivent dans leur métro. Eh bien bof ! bof et rebof ! C’est un square voilà tout.

Et j’aime mieux les Tuileries dans le genre « arche de marbre ». Elle est d’un plus joli rose.

Mais bon. Regardons passer les gens… On ne sait jamais un riche américain désœuvré pourrait s’intéresser à faire connaitre sa ville à une petite française cultivée…

Ces gens s’habillent n’importe comment en short. Tee-shirt.  Tongues. On voit que c’est encore l’été chez eux. Ils en profitent.  Je me demande s’ils auront cet hiver eux aussi les soucis d’électricité qu’on nous annonce chez nous.  Mais… quelle drôle de bonne femme la bas près des jets d’eau… avec sa veste à fleurs et son pantalon noir à croire qu’elle a copié sur moi. Ma parole c’est bien la même veste. Et la même coiffure. Attendons qu’elle se retourne… mais non n’attendons pas. Aucune envie de me croiser moi-même et de me reconnaitre. Plutôt me fuir. Tour de suite partir.  J’en ai assez de cet endroit
Allons voir ailleurs si j’y suis … aussi.

TROISIÈME JOUR

27 septembre 2022

15H

En traversant East side river en ferry

 C’est tout de même grandiose. On a beau dire New York ça vaut la peine.  C’est comme Venise. Pourri de touristes, archi connu et rabâché par les média, romans et le cinoche … Mais ça vaut le coup tout de même d’y être en vrai. Et ceux qui font la moue et préfère la Creuse – moins touristique – grand bien leur fasse. Et puis moi d’abord j’aime l’eau.  Elle donne une lumière aux villes. Je me souviens dans une galerie de Deauville – Oui ! J’aime aussi Deauville – donc je me souviens d’une américaine disant qu’elle retrouvait sur cette côté Normande, en particulier en face du Havre, la même lumière du soir qu’à New York…  Eh bien moi cette traversée en Ferry de East river à Brooklyn ça m’a fait penser à Istanbul…

On voyait toute la ville et ses mosquées comme des grosses bêtes tapies ici et là, avec leurs longs minarets comme des pattes géantes…   Ah Istanbul ! Qu’est-ce que j’étais mal dans ce voyage… En plus il pleuvait … Je vois encore l’eau ruisseler sur le grandes vitres sales du Ferry … Avec les lumières de la ville qui s’allumaient cela faisait comme un tableau à la Bacon extraordinaire ! Donc j’étais mal… parce que sourde … presque totalement… imaginez quelqu’un qui parle de loin à travers un oreiller qui l’étouffe … la faute à ce con de pilote qui avait plaisanté et dis des conneries tout au long du voyage et qui, à l’arrivée, pour épater une hôtesse peut être, a plongé d’une façon tout à fait anormale et rapide, trop rapide… Mes oreilles se sont bouchées d’un coup. J’avais un rhume assez fort déjà et ça n’a pas dû aidé… Donc sourde… J’étais perdue complètement.  J’ai fait le numéro de l’hôtel qui m’a envoyé une navette… Sourde… trois jours… Rien n’y a fait, ça ne s’arrangeait pas… et donc, tout de même, le lendemain de l’arrivée : visite de la ville … Sainte Sophie… Je vous en ai déjà parlé à propos de Grand Central… Et puis traversée du Bosphore… cette vue à la Bacon le soir, avec la pluie qui commençait… Mais la pluie s’est aggravée violente. Je suis allée m’asseoir sur un banc du Bateau en me disant Tu n’entendais déjà rien. Maintenant tu ne vois plus rien.  Et puis je suis rentré en France, toujours sourde. Je suis restée comme ça au moins cinq jours avant un début d’amélioration auditive… un beau souvenir quand même. Qui m’en rappelle un autre. Un beau spectacle là aussi mais chez nous cette fois en France. Paris, l’Odéon…Quelques temps après… J’étais remise, je réentendais…. Mais j’aurais pu m’en passer. C’était une représentation des Trois sœurs en langage des signes russes… oui russe, ça changeait tout . Évidemment ils affichaient des sous-titres. Pas en langage des signes français heureusement… en français normal. Mais bon on arrivait à suivre un œil sur scène un œil sur le texte, au-dessus… soit on louchait… soit on se croyait à Roland Garros mais en vertical… Bon ! On s’y fait : ça allait…  Surtout si on connaissait la pièce. Mais voilà qu’au troisième acte… ils éteignent tout… Le noir dans le noir ! À part une vague petite loupiote de bougie d’un personnage… on n’entendait rien et on ne voyait plus rien … Je me dis merde ! Ça recommence comme à Istanbul. Heureusement là, ça n’a pas duré cinq jours.

Bon ce n’est pas tout ça mais faut pas que je manque mon Ferry Retour. Allez on y va.

QUATRIÈME JOUR

28 septembre 2022

16H

Little Island
Île artificielle sur l’Hudson

 J’ai envoyé une lettre à mon psy…

Cher docteur voici donc la lettre d’Amérique que vous m’avez demandé d’écrire pour compenser la séance qui va nous manquer cette semaine. Comme convenu, j’ai glissé la somme habituelle en euro dans l’enveloppe.

Ce n’est pas le plus difficile. Le plus difficile ce sont les mots sur le papier. Déjà je n’écris presque plus sur du papier. Je tape mon journal dans les notes de mon téléphone et c’est beaucoup plus pratique qu’avant.  Je perdais toujours mes stylos. Mais vous dites qu’il faut du papier! papier monnaie, papier toilette, papier journal… et surtout papier à lettres… Le même usage dites-vous. Évacuer le surplus.

Alors rien que pour vous j’ai acheté une carte au Whitney, j’ai essayé de la choisir neutre et tout venant mais comme je vous connais vous allez encore y voir du sexe… bon c’est une fleur qui s’ouvre, une peinture neo-moderne de Georgia O Keeffe. Et alors.? Un fantasme me direz-vous? En ne me disant rien comme à votre habitude. En y réfléchissant c’est encore plus pratique pour vous d’avoir l’atlantique entre nous que la distance du divan au bureau… Je ne peux même pas voir vos expressions, inexpressives comme à l’accoutumée, ni vos gestes minimalistes… Pourtant je perçois très bien votre main qui tourne avec deux doigts tendus pour me demander de poursuivre et de développer mon fantasme de la fleur qui s’ouvre…  Et pourquoi dis-je qu’elle s’ouvre?  me demande votre regard fixe au-dessus des lunettes que vous rabaissez un peu vers le bout de votre nez rusé…de renard guettant la poulette… Mais non je ne me compare pas à une poulette, même si en ce moment j’essaie de vous pondre quelque chose de laborieux. Donc la fleur s’ouvre parce qu’elle n’est pas complètement ouverte et pas du tout fanée.  C’est un Word in process.

Pardon Work, mais c’est la même chose non ? Je vois que vous opinez. Ma description est purement descriptive et sans arrière-pensée. Vous ne me croyez pas. Vous vous dites, avec votre esquisse de quart de sourire, que je connais bien, que j’ai tout de même choisi cette carte là et que je l’ai décrite avec ces mots là… et que tout cela signifie quelque chose. Et je devine ce que vous voulez me faire dire. Oui, oui, oui, que je cherche un homme qui réveille ma fleur et puisse la faire s’épanouir pleinement dans une grande extase… Jeune et beau. Et riche de préférence.  Mais je pense surtout que j’ai laissé passer ma chance. C’est il y a quarante ans que j’aurai du venir pour faire ma chasse à l’homme… et plutôt au Texas qu’à New York !  C’est plus giboyeux en millionnaires…  Bon, avec tout cela, la demi-heure de séance est close. By by ! À la prochaine.

CINQUIÈME JOUR

29 septembre 2022

12H

Sur le côté de Central Park
Librairie Française Albertine

Je note mon rêve de cette nuit. Cela commence par un homme qui danse. Il s’arrête soudain et me fixe en m’interrogeant : Dis-moi pourquoi j’existe? Mais je n’ai pas besoin de lui répondre. C’est comme un titre qu’il se donne. Je me dis que c’est l’inventeur.  Celui qui donne une heure de ferveur sans avoir besoin d’un GPS pour la trouver. Mais j’ai rendez-vous chez le Trésorier payeur et je dois m’en aller de suite et d’ailleurs je vois passer devant moi le lièvre de mars qui regarde sa montre et répète plusieurs fois Je suis en retard, je suis en retard ! Oh comme je suis en retard ! C’est bientôt la treizième heure et je ne suis pas près d’arriver. Qu’elle inconduite. On ne me pardonnera pas cette inconduite !  Mais comment font les gens pour être à l’heure… Moi je suis tout le temps en retard. C’est peut-être ma montre qui me retarde. Trop de cadrans et trop d’aiguilles je m’y perds…   Je l’écoutais soliloquer et j’avais oublié tout à fait où je devais aller. D’ailleurs l’air était tout en feu et cela m’inquiétait.  Je vois quelques champignons géants qui pouvaient m’abriter sous leurs coroles et m’y précipite en m’apercevant que le Chapelier fou et le chat de Chester y étaient déjà.  Je me dis Alice n’est pas loin. Et en effet je la vis bientôt toute petite et à peine visible et aussitôt elle me dit : Il ne faut pas manger de celui-là, il rapetisse trop.Tout en me montrant un des champignons auquel elle avait commencé à goûter. Elle tenait un livre à la main et je lui demandai ce qu’elle lisait. C’est le livre des sœurs me dit- elle et elle ajouta : Certaines histoires sont comme des forêts le but est d’en sortir à ce moment-là un grand oiseau à gorge rouge s’approcha de moi et me regarda fixement tout en articulant une question :  Dis-moi pour qui j’existe ?   Je ne savais quoi lui répondre et je me tournai vers Alice pour lui demander un avis. Elle avait beaucoup grandi et me montra un autre champignon qu’elle venait de goûter. Il ne faut pas non plus manger de celui-là, il fait trop grandir.  Ah la la ! J’aurais dû faire comme ma sœur et rester tranquillement à lire sous un arbre. Elle en a de la chance elle. C’est une enfant sans histoire pas comme moi. Ce n’est pas drôle de faire partie des tourmentés comme toi et moi. Il paraît que l’on va nous reléguer dans l’île haute. Pour nous sortir de là, il faudrait un miracle…  Ou un réveil ⏰  . Justement c’est à ce moment-là que la sonnerie du réveil m’a tirée d’affaire.

SIXIÈME JOUR

30 septembre 2022

16H

Aux Cloisters
Cloîtres reconstitués de pierres authentiques
Datant du Moyen Age et rapportées d’Europe.

 comme il est profond ce mystère de l’invisible

Je ne m’y attendais pas. Je me promenais dans les Cloîtres en rêvassant.  Cette idée du transport des Vieilles pierres d’Europe pour reconstituer ici à l’extrême nord de Manhattan sur les hauteurs de l’Hudson une cité médiévale me faisait penser à un film qui m’a marqué dans mon enfance,  Fantôme à vendre si je me souviens bien du titre. J’ai oublié les détails de l’histoire mais une jeune femme rencontrait un fantôme écossais, en kilt je crois bien, dans un château qu’on allait démonter pierre par pierre pour le transporter en Amérique. Peut-être ici !?  Et je me faisais rire toute seule en me disant que moi aussi je pourrais le rencontrer ce sympathique fantôme.  Mais tous ces cloîtres viennent de France.!  Je n’aurai même pas le dépaysement de voir un Écossais. En kilt de surcroît.  Je pense que c’était cela le fantasme. La jupette pour homme. Très tendance aujourd’hui.

Bref je me faisais à moi-même une conversation distrayante, comme d’hab ! Quand soudain dans une belle salle bien parquetée,  de bois ciré, élégante et raffinée… j’ai senti comme une ombre sur moi. Autour de moi. J’étais seule à ce moment-là et j’avoue que j’ai eu un petit tremblement . Je regardais une magnifique annonciation avec une vierge installée très confortablement dans une sorte de divan,  un livre enluminé très beau entre les mains et tout à sa lecture alors qu’un ange souriant s’approchait d’elle et tentait d’attirer son attention avec de grands gestes des bras et des ailes… mais elle ne cillait pas et restait tout entière dans ses pages… cela m’amusait. Quand soudain je sentis l’ombre passer contre moi sur moi à travers moi. Cela m’entourait et avec mes yeux de papillon sans oser bouger ni le visage ni même le regard de la toile que je fixais… je vis… comme deux bras de chaque côté de mon corps deux jambes et une chaîne… Je faillis crier… mais me rassurait de suite. Marlène tu délires. Ton imagination te joue des tours… Tu te crois encore dans un film !  Et lentement, prudemment tout de même je reculais d’un pas, deux pas,  en direction de la porte que je savais voisine, sans cesser pour autant de regarder la vierge et son ange… et petit à petit, devant moi, se forma lentement sur le sol la forme … de l’ombre …  du grand lustre que je n’avais pas encore remarqué au-dessus de moi dans la salle que je quittais. Et levant la tête, je pus voir ses quatre grands bras et la longue chaîne qui le suspendait au plafond lambrissé.

SEPTIEME ET DERNIER JOUR

Ce samedi 1er octobre
De l’année 2022

Je ne m’attendais pas à ça. J’ai fini par le rencontrer. Je croyais seulement plaisanter quand je rêvais à mon riche américain… et voilà qu’hier soir dans un restau indien de Broadway, le Manhattan Vallée, je l’ai rencontré.  Je l’ai d’abord pris pour un serveur : gracieux, avenant il m’a aidé à m’installer. Un peu chauve un peu noir mais très bien habillé j’ai compris que j’allais gaffer en lui demandant la carte quand je l’ai vu s’asseoir à la table juste à mes côtés. C’était un client. Tout naturellement nous avons commencé à parler. Il m’a demandé si j’étais Française ce qu’il avait cru reconnaître quand je l’avais remercié. Il adore la France il y a été plusieurs fois, avec sa femme, dont il vient de divorcer.  Comme il parle mieux le Français que moi l’anglais nous avons continué dans ma langue… J’ai appris plein de choses sur lui. Il travaille dans l’import-export des spiritueux : il importe du whisky,  et exporte des vins… ou l’inverse ?  Il vit à Newark mais vient souvent à New York et il aime surtout les restaurants indiens ou Français. Il en connaît un remarquable à Brooklyn et il veut me le faire découvrir. Il m’y a invitée pour ce soir. Il a déjà insisté pour payer notre repas d’hier et c’est un homme qui n’a pas l’air de compter. C’est peut-être le gros poisson, la baleine Blanche que je rêvais de Harponner …. Il faut jouer serré Marlène, se faire épouser. Tout de suite. On va à Las Vegas et hop! C’est facile ici. Ensuite le divorce, la cruauté mentale et la rente! Bon enfin on ne se s’emballe pas. On va déjà voir à quoi ressemble ce restau français j’espère que c’est la classe avec champagne et tout le tintouin… et que le type Allan … Allan Parker…  Comme le cinéaste… Ou les stylos. Encore mieux !… Surtout pour les chèques. Donc j’espère que cet Allan est correct et délicat et qu’il ne veut pas sauter sur l’occasion, si je puis dire, pour se faire une p’tite Française…  Oh mais faut pas qu’il croit que c’est arrivé tout de même. Je suis plus chère qu’il ne pense. Hors de prix. Mariage ou ceinture… Enfin … on verra. Parce que ceinture ça fait déjà un bout de temps pour moi. Mais bon ce type cet Allan il a surtout un physique à se faire épouser… Pas à tirer un coup. Enfin, à mon âge, fini de faire la difficile et s’il faut y passer on y passera. Cela me fera un souvenir des States !

En attendant Dilemme.  J’annule mon avion demain… ou bien je précipite les événements ce soir. Mariage ou baise ? Il faut choisir. Bon au pire… je joue cela à pile ou face. One Silver Dollar et hop la Boum.