Le songe de Scott Wade

Scott Wade

Scott Wade est à court de projet. Allongé sur le dos, bras croisés sous la tête, il s’endort et se met à rêver. Il voyage sur long in the road en musique comme au temps de son adolescence et se remémore les dessins effectués sur les vitres des voitures chargées de poussières sur les parkings. Il se remémore, comme en miroir, dessinant un couple d’amoureux enlacés sur le parking d’El Paso qui venait de sortir d’un musée. Il s’amuse à le façonner avec précision sur la lunette arrière de la Toyota Yaris, se livrant à cette création ultime, puis transcendé par cette expérience, il la renouvèle  sur d’autres voitures maquillées par le sable. Sur la route de Monument Valley dans l’Arizona à l’abri des regards il dessine sur la lunette arrière d’une voiture rouge, sculptant ainsi le toit des maisons du village Navarro en contre-jour et en arrière-plan une montagne. Il créé un paysage de cactus qui ressemblent en partie à des Totems puis se surprend à représenter un guerrier style Robocop, affublé d’une lance, prêt à décapiter les totems, fruits de son imagination, lorsque apparait les yeux d’un canard éberlué en plein milieu en avant du tableau qui semble sidéré par la scène. Seule la voiture témoigne de l’instant.

Lire la suite

Maintenant que…

Maintenant que le temps est arrivé où les enfants sont partis,

Maintenant que le silence me laisse à penser que les bruits familiers qui remplissaient la maison sont révolus,

Maintenant que j’ai le temps de savourer l’instant présent à mon gré,

Seuls mes désirs de faire ou de ne rien faire restent entiers.

Maintenant que j’ai le temps du loisir et celui de profiter de mes journées, je me surprends à regarder les photos, à contempler le paysage et la nature qui changent au fil des saisons autour de moi.

Maintenant que le passé chargé de bonheur avec son lot de souffrance fait chavirer mon âme, je pense, mélancolique, aux souvenirs et aux cris des enfants à la sortie de l’école, heureux de rentrer chez eux.

Maintenant que j’écoute chaque jour les chansons de variété et les musiques classiques du temps passé.

Maintenant qu’il est temps de tourner une page, pour passer à l’après, il m’apparait que les murs de ma maison et les meubles ont vieilli eux aussi et que des reliques y trônent chargées de poussière.

Maintenant que le temps du changement est arrivé pour trier, faire les cartons, déménager et continuer à avancer, le temps du souvenir en déplaçant tous ces objets me rappelle leur raison d’être et la richesse d’une vie bien remplie.

Maintenant que c’est le moment,

je me surprends avec l’envie d’écrire, de peindre et de voyager et retrouver mes enfants en famille ici ou à l’étranger.

Maintenant que j’en parle …

Le syndrome du nid vide s’est estompé.

 M.Thé

 

Maintenant …

Maintenant… je suis allongée sur mon lit les yeux rivés au plafond et je mimagine audessus de la terre
en train de la regarder éclairée par le soleil et un indien dans la forêt d’Amazonie
sapprête à jouer du pipeau quil vient de fabriquer et un spoutnik fait de lombre
sur le continent Européen et  jentends le chant dun oiseau qui me rappelle que je suis chez moi et une respiration sur loreiller me rappelle que je ne suis pas seule et je vois dans la glace de mon armoire le reflet du tableau accroché sur le mur audessus de mon lit où les voiliers sont peints au couteau semblant sagiter sur la mer bleu dazur en présence des bruits de moteur sur la route et cest lheure où tous les hommes saffairent et lair est doux et pas de son de réveil et dautres vivent la guerre, meurent ou sapprêtent à naitre et je savoure à cet instant t le plaisir de vivre et …

M.Thé

Ne coupe pas le moteur !

Julietta est arrivée au volant d’une vieille Torpédo décapotable, les cheveux et son foulard dans le vent. Elle a longé l’allée de tilleul et s’est arrêtée devant le relai de chasse où l’attend Nino. Elle attrape une petite valise sur la plage arrière. Il fait beau et chaud. Les fenêtres sont ouvertes d’où s’échappe Les 4 saisons de Vivaldi. En sautant de sa voiture, elle laisse le moteur allumé, de peur de ne pouvoir redémarrer.

Lire la suite

Le temps est un.e couturier.e

D’une bobine de fil surgie d’un écrin, il nait, s’élance en brodant sa toile aux couleurs variées. Mesuré, il s’étend en filant comme file l’araignée, au gré du vent, une toile où se déposent au fur et à mesure des points qui ressemblent à des gouttes de rosées, parfois brillantes, parfois sombres. Il court et file dans un mouvement perpétuel, file et refile à la recherche des points perdus. Il assemble et consolide.

Lire la suite

Elle caméléone

Comme une mésange bleue, la tête dans les plumes, elle relève la tête de sous son aile, comme après une sieste et s’étire en appui, se retourne et tend la main comme pour demander un soutien mais sans insistance. Puis, se levant, elle se retourne après une flexion suspendue, dit quelques mots à haute voix comme les hauts vents d’une musique intérieure et en soubresaut, étend son corps, pivote en joignant jambes et bras pour enfin se retourner comme une ritournelle. Évoluant dans une position d’attente, elle tend l’oreille, semble écouter un instant le silence. Elle mesure dans de petits gestes les limites de l’espace en effectuant quelques mouvements vers le haut puis vers le bas. Après quoi, dans un mouvement limpide, elle s’arrête avec une hésitation élégante comme si elle refusait un envol. Elle se met alors à lever les pieds en alternance comme pour mesurer ses appuis puis balayant l’espace, elle pivote pour enfin décider de s’allonger sur le sol, l’espace d’un moment. C’est alors, qu’elle prend le temps de respirer le vide et se relève dans un équilibre gracieux en appuyant ses jambes et ses bras lui permettant de s’asseoir.  Et, surprise, elle s’étire et prenant appui dans un geste retenu ou courte pause, elle tend son corps et se remet en mouvement, sans bruit, au ralenti et s’élève du sol dans une avancée où sa tête bascule de droite à gauche puis de gauche à droite, d’avant en arrière et regardant le ciel, elle s’envole comme un colibri pour enfin disparaitre.

MarieThé

Texte d’un endroit où j’ai passé deux ans

Quand j’écrivis les pages suivantes ou plutôt en écrivis le principal, je vivais seule au pied d’une montagne à mille de tout voisinage, en une maison que j’avais bâtie moi-même, au bord de la rivière d’ASHIM en Norvège, et ne devais ma vie qu’au travail de mes mains.

J’habitais là deux ans et devint connue sous le nom de l’Hermite Blanche la recluse.

Lire la suite

Éloge du désordre – la couturière

Quel bourbier ! Enchevêtrements ! Les bobines de fils de couleurs sont mêlées, indissociables. Non pas tirées à quatre épingles mais ébouriffées… Agonie de la couturière… La boite à couture merdique à deux étages, a explosé sur le sol. Renversée – les dés, collectionnés depuis la nuit des temps ont sauté et les bobines ont explosé, comme si une main inconnue les avaient fait rouler. Comme disait ma grand-mère les dés à coudre doivent se porter avec doigté pour filer. Les dés à coudre ont été portés de génération en génération, certains simples d’autres raffinés, élégants, bordés d’or et d’argent.

Lire la suite