Thanatopracteur en cavale….

Qu’est-ce qui m’a pris ? Pourtant tout allait bien. Je vous explique :

Je venais d’intégrer le service dont je rêvais depuis longtemps ! Mais voilà depuis quelques mois tout a basculé. L’activité a considérablement augmenté, ils sont obligés de recruter massivement depuis la mise en place de cette loi au titre prometteur Mourir dans la dignité….

Le candidat à la mort programmée se presse à la porte du service. Une noria d’infirmières séduisantes le bichonne, l’écoute, l’entraîne vers une fin heureuse et sans douleur. Lire la suite

Le nettoyeur de scène de crime

Le bruit assourdissant d’un nuage de mouches agglutinées au dessus d’un petit monticule attira l’attention du promeneur qui, comme tous les matins venait faire le tour de l’étang avant de se rendre au bureau. Il connaissait bien les lieux. Ce tas informe n’était pas là la veille. Une légère brise apporta à ses narines une odeur douceâtre  et écœurante. Il hésita avant de s’approcher et découvrit horrifié un amoncellement de sacs éventrés d’où émergeaient ici un morceau de jambe, là un pied ensanglanté. Il ne chercha pas à en voir plus, composa le 17 au plus vite avant de faire demi-tour en courant.

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La fuite du photographe

Allongé sur le ventre, la tête posée sur ses coudes au ras des herbes grasses, notre personnage observe.

Il est médusé par le spectacle. Pas un bruit aux alentours ne vient le perturber, si ce  n’est que le vague feulement d’une brise légère qui courbe légèrement le roseau et lui offre généreusement calme et relaxation

Son iris, tel l’uppercut de son Panasonic Lumix S5 MarkII S20-60 Hybride, ne tremble pas, il s’adapte, profite des ombres et lumières et fait le zoom.

Il vient de saisir l’instant propice, privilège de l’homme sage et patient,

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Enquête près du marais

L’analyse du site naturel qui se déploie sous ce ciel bleu-marbré, laisse entrevoir une nature sans contrainte, prairie non labourée et entrelacs de cours d’eau non drainés.

Cet ensemble homogène de transition est propice au développement de petits rongeurs, de batraciens, de guppys et fishipédias, d’éphémères et de toutes sortes d’arachnides maritimes.

Ce que perçoit probablement l’œil de la buse, perchée au sommet des arbres de lisière, prête à s’élancer pour un vol plané au dessus de cet écotone des marais, c’est sa  disponibilité. Lire la suite

La course du printemps

Le bleu du ciel est une toile, sur laquelle s’étale à merveille la gouache du coton des  stratus qui flottent, pour le ravissement, dans leur crème de blanc.

Un ciel de transition qui n’enlève rien à la beauté du paysage ni à sa luminosité.

Tout a été organisé pour la course annuelle des ajoncs et des plumeaux.

Les athlètes se sont éparpillés sur le champs de course, dégageant au rythme de leur train une transpiration de pollens filtrés et tamisés un par un, par les rayons du soleil. Lire la suite

Les pins

L’analyse de la plantation en ligne des pins révèle une volonté humaine certaine. Ensemble organisé et structuré dans le seul but d’être rentable rapidement, l’exploitation du pin est l’essence idéale.

Ce que perçoit l’œil du promeneur qui s’en amuse c’est un tableau, un jeu de lumière. Au fur et à mesure qu’il avance, la forêt clignote, comme le ferait une guirlande dans un sapin de noël. L’alternance des troncs, dressés les bâtons d’une palissade, se joue des rayons de soleil. La balance des hachures – entre sombre et lumière – s’accorde au rythme de ses pas. L’immensité de la forêt déroule son ruban monotone et le marcheur est surpris par son arrêt brutal. Plus un seul arbre, une lumière aveuglante. Lire la suite

Écotone

L’horizon est barré d’une ligne, un tracé sans accrocs de pins alignés, bâtons dressés, figés au garde à vous comme des soldats ou les piliers d’une palissade au travers de laquelle l’œil, pris de curiosité, ne voit rien d’autre que le blanc du ciel. C’est une ligne de fuite, un ruban hachuré de coups de crayon, du vert de la cime au noir des troncs. Entre l’eau de l’étang, miroir reflet des éléments, et la ligne des pins, s’étend une zone de liberté, un fouillis d’arbustes et d’herbacées, poussés là, au hasard d’un coup de vent qui a semé les graines. Des taches de jaune ponctuent un espace délaissé par la main de l’homme. Ici pas d’alignement, pas de plantation étagée ni de notion de rendement, tout s’enchevêtre et prend ses aises jusqu’au bord de l’eau où les roseaux baignent les pieds enracinés dans le sol gorgé de vase et de sable, se mirent dans l’eau.

Annie Brottier