Maintenant que…

Maintenant que le temps est arrivé où les enfants sont partis,

Maintenant que le silence me laisse à penser que les bruits familiers qui remplissaient la maison sont révolus,

Maintenant que j’ai le temps de savourer l’instant présent à mon gré,

Seuls mes désirs de faire ou de ne rien faire restent entiers.

Maintenant que j’ai le temps du loisir et celui de profiter de mes journées, je me surprends à regarder les photos, à contempler le paysage et la nature qui changent au fil des saisons autour de moi.

Maintenant que le passé chargé de bonheur avec son lot de souffrance fait chavirer mon âme, je pense, mélancolique, aux souvenirs et aux cris des enfants à la sortie de l’école, heureux de rentrer chez eux.

Maintenant que j’écoute chaque jour les chansons de variété et les musiques classiques du temps passé.

Maintenant qu’il est temps de tourner une page, pour passer à l’après, il m’apparait que les murs de ma maison et les meubles ont vieilli eux aussi et que des reliques y trônent chargées de poussière.

Maintenant que le temps du changement est arrivé pour trier, faire les cartons, déménager et continuer à avancer, le temps du souvenir en déplaçant tous ces objets me rappelle leur raison d’être et la richesse d’une vie bien remplie.

Maintenant que c’est le moment,

je me surprends avec l’envie d’écrire, de peindre et de voyager et retrouver mes enfants en famille ici ou à l’étranger.

Maintenant que j’en parle …

Le syndrome du nid vide s’est estompé.

 M.Thé

 

Maintenant …

Maintenant… je suis allongée sur mon lit les yeux rivés au plafond et je mimagine audessus de la terre
en train de la regarder éclairée par le soleil et un indien dans la forêt d’Amazonie
sapprête à jouer du pipeau quil vient de fabriquer et un spoutnik fait de lombre
sur le continent Européen et  jentends le chant dun oiseau qui me rappelle que je suis chez moi et une respiration sur loreiller me rappelle que je ne suis pas seule et je vois dans la glace de mon armoire le reflet du tableau accroché sur le mur audessus de mon lit où les voiliers sont peints au couteau semblant sagiter sur la mer bleu dazur en présence des bruits de moteur sur la route et cest lheure où tous les hommes saffairent et lair est doux et pas de son de réveil et dautres vivent la guerre, meurent ou sapprêtent à naitre et je savoure à cet instant t le plaisir de vivre et …

M.Thé

Maintenant

Maintenant je trempe un carré de chocolat dans mon café brûlant et une bombe est tombée sur l’immeuble au bout de la rue et le petit Mohamed sort de sa maison son cartable sur le dos et un chien aboie après un cycliste qui zigzague de surprise et un homme pleure devant l’immeuble en feu et une femme rit en regardant son bébé et du sang coule sur le visage d’un soldat et lui il regarde médusé à la télévision les images du drone survolant les ruines de Marioupol et un hélicoptère jaune traverse le ciel bleu et ma voisine rature ce qu’elle vient d’écrire et des colombes de faïence se tournent le dos sur le banc du jardin et un téléphone portable sonne et …

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Maintenant

Maintenant un homme meurt en défendant son pays armé par les puissances occidentales qui se tiennent à distance et dans un champ inondé de soleil le riziculteur cambodgien les pieds dans l’eau sème les semences de riz à la volée et dans un village pyrénéen le cortège funéraire pénètre dans l’église au son de La Montagne de Jean Ferrat en hommage à celui dont on célèbre la mémoire et dans le métro parisien hommes femmes et enfants s’engouffrent et s’entassent dans le wagon qui démarre et le corps du soldat déchiqueté par une bombe gît dans le fossé dépouillé de ses chaussures et l’enfant apeuré les yeux dilatés par l’effroi cherche sa mère dans la foule qui le sépare d’elle et le jeune homme le casque vissé sur les oreilles n’entend pas l’alarme qui se déclenche et se fait bousculer et un homme dans la boue et les gravats de l’éboulement tend un bras aux gens qui tentent de le tirer du piège où il s’enfonce et les viennoiseries déposées sur la table s’envolent dans les mains des participants qui les enfournent avec délice sous le regard déçu de ceux qui n’en ont pas.

Longtemps l’aveugle a chanté dans les sous-sols du métro. Il avait des stations préférées selon les heures de la journée, passant de l’une à l’autre quand la fréquence des pas et le volume sonore diminuant lui indiquaient les heures d’affluence. Vêtu de son éternelle veste râpée aux poches déformées, il filait le long des murs sans crainte du moindre obstacle, le pas assuré, la tête redressée, sa canne blanche balayant le vide devant lui d’un geste rapide et cadencé.

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