Le temps de dormir quand les autres s’éveillent
Le temps de lire quand la nuit est tombée
Le temps de marcher sans but, sans valises, sans contraintes
Sans mesurer le temps que me prend le temps
De vivre tout simplement.
Le temps de dormir quand les autres s’éveillent
Le temps de lire quand la nuit est tombée
Le temps de marcher sans but, sans valises, sans contraintes
Sans mesurer le temps que me prend le temps
De vivre tout simplement.
Je veux prendre le temps
De méditer sur les petits riens
De perdre mon temps
D’empiéter sur le temps des autres
De piquer leurs rêves
Julietta est arrivée au volant d’une vieille Torpédo décapotable, les cheveux et son foulard dans le vent. Elle a longé l’allée de tilleul et s’est arrêtée devant le relai de chasse où l’attend Nino. Elle attrape une petite valise sur la plage arrière. Il fait beau et chaud. Les fenêtres sont ouvertes d’où s’échappe Les 4 saisons de Vivaldi. En sautant de sa voiture, elle laisse le moteur allumé, de peur de ne pouvoir redémarrer.
Neuf mois, ou plus, ou moins
si vous le voulez bien, avec vous pour toujours
Trop court pour réaliser une histoire qui se poursuit, à quand la chute du héros
Trop court, trop long avec la maladie, donner la vie, ne pas la donner
Polichinelle dans le tiroir, tombé sur un clou rouillé, nativité… mon œil.
Un peu court, rien à faire
Sûrement mensonge, il faut rêver, le temps, lui, court.
Que c’est long et dur, combien pour toi, combien pour moi ?
Égrène à la peine, c’est court, et long devant l’échafaud, épouse
C’est toujours très court, drôle de mesure du temps, un insecte rampant ou grimpant
Concordance de temps, d’envie, accord
dans un songe, ne pas se précipiter, patience
Peut-être l’amitié, comment la retrouver dans ce temps perdu ?
Suspendre la respiration, le regard, l’envie, les larmes
Avec les loups c’est l’accord premier, on se retrouve, l’animalité fait loi
Premier cri, suspendu
La passante des sans soucis, la corde de l’alpiniste
ici maintenant avec tous, sans penser à demain, généreuse
l’obsolescence, cheveux blancs et dents déchaussées mais cœur grand comme une cathédrale
tant et si bien, pleine de vie, de rencontres et surtout suspendues au sourire
soixante minutes, mauvaises, noires
Tic tac, elle n’est pas ronde, elle donne envie
Chemin tracé, GPS du tracé de vie
faible et pâle, ne pas compter
Pénible le chrono, carcan du rendez-vous pour manger, respirer, mourir et revivre
Peut-être,
à l’heure dite.
RMQ
Chaque matin c’est la même routine. Il a beau partir une demi-heure avant, un quart d’heure après, toujours le même bouchon au même endroit. Depuis quelques années il a quitté la ville pour fuir le bruit, la pollution.
Il s’est réfugié loin du brouhaha, de l’agitation urbaine, le tête emplie de rêves bucoliques, de champs ondoyants sous le vent, de promenades en forêt. Enfin c’est ce qu’il espérait. L’ennui c’est qu’ils sont nombreux ceux qui ont imaginé se mettre au vert, se détendre à la campagne. La même idée au même moment. Alors comme ils n’ont pas déplacé le travail à la campagne, ils se retrouvent tous sur la même route à la même heure pour rejoindre la même ville.
Partir un jour, partir toujours
Toujours l’amour revient
toujours l’amour retient
toujours l’amour….
Maintenant je n’attends plus, trop tard,
maintenant c’est le vieillissement qui m’attend
Prolonger la vie, durer plus longtemps
À quoi bon ?
Partir c’est agir, c’est bouger, dans quel sens partir ?
vers le futur ou le passé
partir vers le temps qui s’écoule.
« Il ne faut jamais couper le moteur de la DeLorean, faute de rester coincer dans un univers parallèle. » C’est ce que m’avait recommandé Robert Zemeckis, le célèbre réalisateur de ‘Retour vers le futur’.
J’étais dans ma grange, entouré de mes tracteurs, de mes faucheuses et de ma moissonneuse. C’est là, que j’avais installé mon atelier. Mon travail du moment, restauration et de customisation de ma DeLo, venait de s’achever. Je me suis installé à bord de l’engin fabuleux. J’ai appuyé sur le starter. Le moteur s’est mis à vrombir. Les poils du chat se sont redressés. Les fétus de pailles se sont envolés, j’étais tout excité. J’ai enclenché la première, passé la seconde dans un bruit infernal d’échappement. Le cheval s’est cabré, les vaches ont beuglé à tue-tête. Les gens du village ont crié l’hourra, l’extase a gagné. Dans mon calcul, la grande ligne droite conduisant à la nationale devait suffire. J’avais tout juste appuyé sur l’accélérateur extratemporel que déjà, je ne voyais plus la terre.
Grossesse, neuf mois, ou plus, ou moins
Demain, si vous le voulez bien, avec vous pour toujours
Épisode trop court pour réaliser une histoire qui se poursuit, à quand la chute du héros ?
vie – trop court, trop long avec la maladie, la donner, ne pas la donner
Grossesse, polichinelle dans le tiroir, tombée sur un clou rouillé, nativité… mon œil !
Partir, c’est m’en aller, mais… ?
Toujours pour plus, je suis insatiable, gourmand, impétueux.
Je suis en arrêt, la pendule me regarde, le balancier s’est figé.
Prolonger la vie encore un jour, encore une heure, un instant, le temps de voir, le temps d’emporter.
Partir sans retour, il est trop tôt pour ne pas se retourner et oublier le temps passé.
Et je vis le galet. Tout rond, tout lisse, se jouant du courant. Né à la source des Cévennes hautes, détaché du ventre des monts. Il déambule au fond du canyon, un choix s’impose : le Gard, la Lozère ? La route est longue jusqu’au Rhône. Il poursuit le flux, passe sous le pont du Gard, salue les romains bâtisseurs du premier siècle. Il se sent exister, pas par la taille il est si petit, mais grâce à son grand âge. Mialet, ville de miel, il se laisse couler sous l’arche en pierre du pont des camisards. Encore cent trente kilomètres jusqu’au Rhône, il glisse en une descente serpentine le long du gardon d’Anduze.
RMQ
PS: Erreur de parcours. Il est arrêté sur ce bout de plage sauvage par les pieds nus d’un baigneur en manque de ricochets ; mes pieds.