Avant …

Elle cherche l’horizon mais tout est obstrué par des murs de béton.
Le bruit des vagues lui revient en premier mais ce n’est qu’un bruit : où est la mer ? Qu’ont ils fait de l’horizon ?
Elle avait gardé tellement de souvenirs. L’air saturé d’iode lui chatouille les narines.
Elle ferme les yeux et entrevoit les images d’avant : un scooter cahotant sur les sentiers caillouteux, un pneu crevé sur une route, les paysans accourant avec des chaises pour que les filles puissent s’asseoir, de l’eau et du raisin.

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La grande pièce

Après la soirée festive d’hier où tous les cousins se sont retrouvés, je me réveille seule et me dirige dans la maison silencieuse vers la vaste pièce principale de l’habitation de ferme. Le cousin chez qui nous sommes accueillis est, je pense, déjà parti à la salle de traite, les plus jeunes doivent dormir. Je trouve de quoi me faire un thé et, assise au bout de la grande table, j’observe autour de moi.

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Les places 

Entourée de peupliers, éclairée par le soleil, elle se dresse au milieu d’un village qui sent bon la lavande. À cet endroit, le reflet des feuilles danse sur le sol éclairé de la lumière d’été. Toutes les rues aux alentours y aboutissent et les touristes s’y retrouvent pour y consommer une boisson fraiche ou un café. Quelques-uns d’entre eux y circulent pour longer les boutiques avoisinantes. L’un d’eux vient d’attraper un maillot bain sur le portique posé devant, sur l’un des trottoirs. Une estrade est installée sur l’un de ses coins, entourée de chaises empilées prêtes pour la fête car il y a bal tous les soirs.

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Ma lingerie

C’est une pièce à part entière, une lingerie familiale. Elle est située au premier étage de ma maison. On y accède par l’escalier de la cuisine qui donne sur le jardin du haut, on peut également traverser le premier étage en passant par l’escalier de l’entrée principale située de l’autre côté. Cette pièce comporte une grande fenêtre donnant sur le jardin. Un petit pallier la sépare des autres pièces de la maison.

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Les toilettes

La maison se situe à l’entrée du village adossée à la montagne. Murs épais, grande cheminée dans la pièce commune aux fenêtres étroites. Large couloir sombre doté d’un escalier rustique en bois de sapin qui mène à l’étage où se trouvent de vastes chambres aux armoires anciennes, aux lits recouverts d’édredons de plume couleur rouge ou jaune satiné. Peu de confort. Une ampoule par pièce qui pendouille mollement au milieu du plafond. Chaque chambre est dotée d’un poêle à bois qu’il suffit d’observer pour imaginer un semblant de chaleur. Pour les besoins pressants, c’est dehors, au frais, dans une cabane accrochée à la maison. En cas d’urgence un seau est planqué dans la table de nuit. Pour la toilette une bassine réservée à cet effet trône dans l’évier en grès rose de la cuisine. Eau froide, tirée du ruisseau qui dévale la montagne. C’est revigorant, ça vous donne un coup de fouet avant de se lancer à l’extérieur.

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La cave

Maison de ville, briques silex, porte basse, fenêtres à petits carreaux, poutres apparentes dans chaque pièce, deux étages plus grenier, maison banale de Normandie, construite dans les années 1850, à l’ombre, côté nord de l’imposante église romane du village.

La maison a son histoire propre, sans doute, mais rien, que je ne puisse vous livrer sinon, d’y avoir vu vivre mes grands-parents ; je me souviens de pièces austères pavées, en rez-de-chaussée comme à l’étage, de tomettes rouges.

Rien ne m’attache à cette maison, si ce n’est la cave. Lieu de repos de mon grand-père. Il y avait installé dans l’entrée, un tonneau retourné ainsi que deux petits tonnelets qui servaient de siège.

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L’espace-monde d’une chambre

 

Il est un hôtel près de Trouville/sur Mer, célèbre par son histoire et par les personnages illustres qui l’ont occupé. Il s’agit de l’Hôtel des Roches noires, énorme bâtisse qui comptait soixante-dix chambres sous le Second Empire, trois cents en 1913. Il a vécu l’arrivée de l’électricité. Les grands bourgeois, les milliardaires américains, les aristocrates russes, les industriels allemands y venaient en villégiature du temps où Trouville était une station balnéaire très prisée des riches. Il connut les deux guerres, résista aux bombardements, fut réquisitionné par les Allemands, puis transformé en hôpital de guerre. Par la suite il fut vendu par petits morceaux sous forme d’appartements.

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