Elle caméléone

Comme une mésange bleue, la tête dans les plumes, elle relève la tête de sous son aile, comme après une sieste et s’étire en appui, se retourne et tend la main comme pour demander un soutien mais sans insistance. Puis, se levant, elle se retourne après une flexion suspendue, dit quelques mots à haute voix comme les hauts vents d’une musique intérieure et en soubresaut, étend son corps, pivote en joignant jambes et bras pour enfin se retourner comme une ritournelle. Évoluant dans une position d’attente, elle tend l’oreille, semble écouter un instant le silence. Elle mesure dans de petits gestes les limites de l’espace en effectuant quelques mouvements vers le haut puis vers le bas. Après quoi, dans un mouvement limpide, elle s’arrête avec une hésitation élégante comme si elle refusait un envol. Elle se met alors à lever les pieds en alternance comme pour mesurer ses appuis puis balayant l’espace, elle pivote pour enfin décider de s’allonger sur le sol, l’espace d’un moment. C’est alors, qu’elle prend le temps de respirer le vide et se relève dans un équilibre gracieux en appuyant ses jambes et ses bras lui permettant de s’asseoir.  Et, surprise, elle s’étire et prenant appui dans un geste retenu ou courte pause, elle tend son corps et se remet en mouvement, sans bruit, au ralenti et s’élève du sol dans une avancée où sa tête bascule de droite à gauche puis de gauche à droite, d’avant en arrière et regardant le ciel, elle s’envole comme un colibri pour enfin disparaitre.

MarieThé

Elle caméléone

extrait des improvisations de Eva Matias

Il y a un rêve et un corps. Le rêve est dans le corps.

Intériorité torturée et ouverte à la page généreuse, le don vit. L’enrobée aussi. Sérénité offerte où les racines enfantées du bien être se tendent vers l’horizon, puis suspendent les mots. Pourquoi pas le vent qui buffe , TWIST AGAIN et trouble. INFIRMITÉ.

C’est un tourbillon cadencé : y a qu’à ouvrir la pieuvre féminine et lascive. Lauréate du concours de douceur, casting réussi. Chevilles dénouées puis autoritaires, oser encore, oser être ballon et s’envoler dans le bleu. La désarticulation à volonté, pourquoi combler, non et non, s’enivrer de sagesse et glisser pour ressusciter. Sueur chaude de la femme statue, membres fleuris et fesses piquantes. Direction l’horizon et sur la route, un squat de tendresse. Se tortille la fille et s’approprie l’équilibre. Le pas en avant conquérant. Un bruit de bottes sous contrôle. La marionnette fait de l’œil, appâte et vous attend.

RMQ

Elle caméléone

Il y a un rêve et un corps. Le corps est dans le rêve

Elle est seule, au milieu de la pièce vide. Accroupie sur le sol, pieds nus, immobile, absente, indifférente à ce qui l’entoure, enfermée dans sa bulle. Lentement elle se relève, le bras droit s’étire, la main saisit le souffle d’air qui palpite autour d’elle. Elle se perd, s’étire, pivote sur elle-même, marche à pas lent avant, arrière, sur le côté, elle s’en va, danse, danse avec les mots qui s’échappent de sa bouche. Elle écoute, écoute la musique, vibrato étouffé, perdu loin, loin dans son âme égarée.

Silencieuse, elle se recroqueville, s’allonge sur la dune bleutée, se relève alors et de sa main agile attrape le vent, l’air, l’espace.

Elle jongle avec son corps, se tortille, se balance, se déhanche, se trémousse. Soudain elle s’emballe tend les bras vers les étoiles, lévite doucement, se laisse planer, disparaît. Elle s’en est allée. Il reste sur la dune l’empreinte de ses pas que l’écume de mer bientôt emportera.

M.Odile Jouveaux

Elle caméléone

Il y a un rêve dans ce corps
le corps est dans ce rêve

Où trouver l’espace pour s’épanouir, que va-t-il sortir de cette chrysalide au corps fragile, silencieux, attentif ? Elle tend ses bras vers d’autres cieux, elle hésite, recule, souffle rentré, membres à l’arrêt. Chiffonnée encore, elle se dépliera petit à petit ; 1, 2, 3 la voilà sortie ! Tête haute, elle se tient en équilibre, boucles noires en balancier, bras repliés encore. Un lac soudain l’accueille, miroir de ses rêves, elle y plonge le visage, et devient eau, bercée par les ondulations de surface, le clapotis assourdi la berce. Elle s’endormirait presque, sirène alanguie, allongée sur les fonds plats.

Puis une impulsion, un désir, un coup de reins, le bassin en pivot, elle réémerge, s’épanouit en lotus, fleur encore en bourgeon. Le vent la dérive sans rive, elle se délecte de l’instant.

Soudain au-dessus d’elle, un fil, elle s’interroge, le touche du bout de l’index. Va-t-elle le saisir, se laisser tirer vers d’autres liens ? Elle recule, observe, fait silence en elle-même, appelle la petite fille, part oubliée d’elle-même. Mais curieuse, elle tricote ce fil, du bout des pieds , du bout des mains, pousse la porte, s’entoure de ce nouveau cocon, dont elle connaît les nœuds ; ils seront faciles à démêler. Alors, elle devient oiseau, une chute contrôlée en gestes ralentis l’amènera à l’abri sous ses ailes déployées vers des dunes amollies.

 La peur a disparu, elle écoute le silence. Le désert ne lui fait pas peur, elle se confond avec la couleur du sable, s’y enfonce en petits mouvements arrière jusqu’à disparaître, rêve fugace et évanescent.

Josette Emo

Et fermer les yeux..

L’effleurer avec le son de la musique pour écouter la meilleure volonté du monde

L’épouser avec le geste pour s’approcher d’individus invisibles

La saluer avec le regard pour illuminer sa beauté tragique

Et fermer les yeux avec bien-être pour ne plus rien oser dire…

Bouger avec la lumière pour se sentir grandir

Glisser avec son corps pour se détacher des autres

Regarder avec les yeux de l’autre pour éprouver du mépris de soi.

Et fermer les yeux avec pudeur pour simuler l’indifférence…

Se courber avec harmonie pour esquisser un vague sourire

Echanger avec l’espace pour prendre inspiration

Etre ensemble avec plaisir pour très longtemps.

Et fermer les yeux pour ne pas se heurter à l’infranchissable..

Clarysse

Un rêve et un corps

Il y a un rêve et un corps, le rêve est dans le corps.
Elle entre en scène, glisse, le sol l’absorbe. Ses jambes s’écartent, hésitent, ses bras se tendent vers le ciel pour redescendre enfin.
Toujours recommencer et toujours repartir..
Ses ailes sont ouvertes et puis raclent le sol ; elle hésite, revient, se reprend, souffle, recule et tombe. Puis se recroqueville et rentre en elle-même.
Au sortir de ses rêves agités, tout son corps se cambre et se tord de spasmes; sous les secousses du reptile, la douleur s’exprime, sensuelle.
Ses mouvements bégaient au rythme d’un métronome : tremblements réguliers de bête agonisante.
Son regard devient flou, ses yeux suivent ses mains, suppliantes.
Vertiges au coeur des métamorphoses ; la femme a enfanté. Elle se fond dans le sol, son corps git sans vie et ses rêves sont nés.

Clarysse

Itinéraire des sons de mon histoire

Les premiers bruits dans mes souvenirs, c’est dans ma petite enfance. Nous habitions alors une petite maison au bord d’un gave, celui de Cauterets avant qu’il devienne celui de Lourdes puis de Pau… C’était un torrent tempétueux descendant de la montagne au-dessus de notre village.

Et ce gave pouvait faire grand bruit, et ces bruits me faisaient peur, surtout lorsqu’il fallait aller aux toilettes, aux pichadets, à savoir une petite baraque juste au-dessus du fameux gave.

Le gave sonnait, tonnait, grondait, roulant les cailloux qui s’entrechoquaient. Quel tumulte sous mes fesses !

Chasse d’eau en continue ! Faut dire que l’écologie n’était pas encore à la mode…

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écoutez la chanson bien douce

les voix douces et discrètes rêvent d’émeraude

l’hypothèse de départ à la tierce désolée

à présent voilée comme une veuve

fière dans son voile se pavane

un voile sur un praxinoscope

l’irradiation d’une étoile

la beauté d’une vie

la beauté d’une envie

accueillez la voix qui persiste un son naïf sans colère et sans larmes

écoutez la chanson

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