En escapade

Partir, loin sans but, au hasard des rencontres avec pour seul bagage un sac à dos, un duvet, un carnet de voyage et des crayons de couleurs.

A tout moment, noter dans le carnet des impressions, des sensations, des couleurs ; voler des bribes de conversations, observer, apprendre à regarder des contrées inconnues, dessiner des paysages, des portraits, des objets, des lieux insolites, les fixer au crayon aquarelle sur le papier pour les retenir dans les filets de la mémoire ; les mêler aux matières glanées sur les chemins, des fleurs séchées, des morceaux de bois, des tickets de bus, des papiers froissés, des étiquettes de bouteilles de bière.

Voyager hors des sentiers battus, c’est aussi oser avoir peur : empruntant tous les moyens de locomotion, dormant parfois chez un.e habitant.e accueillant.e ou galérant dans un endroit hostile, allongée sur un banc, sur le qui-vive, de peur d’être volé.e, arrêté.e par la police dans un hall de gare, d’être agressé.e dans une rue obscure.

Rencontres

Elles sont la récompense de l’audace d’avoir osé partir seule à l’aventure. Certaines tisseront des liens d’amitié fugitives. D’autres se poursuivront, traversant l’espace et le temps. Elles laisseront des souvenirs impérissables de moments partagés, l’image de personnages différents et pourtant si semblables.

Le carnet

Le compagnon de voyage fidèle. Précieux, il enregistre les moments d’allégresse de jouissance ressentis durant un voyage : le plaisir de découvrir un pays inconnu. Il en retient les saveurs, les parfums, les visages, les personnes, les couleurs, les endroits insolites, les musiques, les objets, les aventures. Les mots parfois ne suffisent pas et les dessins, les images, les collages viennent à leur secours. Le carnet accepte tout.

La peur

Elle est le prix à payer du frisson et de la découverte. La peur peut surgir. Un sentiment de solitude peut donner alors une envie soudaine de rentrer chez soi et de revoir un visage ami.

Je quitte cet endroit gris rabâché, trop vu … Je pars à l’aventure, à la découverte d’autres lieux, d’autres visages, d’autres villes, d’autres rues, seule. Je roule, je vole, je marche avec des semelles de vent, folle curieuse de tout, à l’affût de rencontres. J’écris, je dessine comme si je voulais retenir les souvenirs comme les fleurs séchées conservées dans les feuilles de mon carnet de voyage. La peur s’invite parfois. Frôler le danger pimente l’escapade.

Dominique Pierre

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