Éloge de la fuite

Escampe-toi, casse-toi !

Tes jambes à ton cou tu prendras.

Passe par ici, repasse par là, file !

Lève toi et marche ! Non,

Lève toi et cours !

Droit devant,

Par dessus les arbres

Par dessus les toits,

va, cours, vole,

Détale, prend le large

À l’anglaise, en douce

bourlingue, buissonne

Souffle coupé, cœur affolé, éperdu,

À corps perdu.

Elle me colle à la peau

Elle m’enlace, me bouscule

Elle ne me lâche pas,

Maîtresse irrésistible des angoisses et des peurs.
Veilleuse infatigable de mes jours, de mes nuits.

Lève toi et fuis,

Ne te retourne pas.

Droit devant.

La fuite, ma compagne

Miroir de ma faiblesse.

Ombre funeste de mes peines,

La fuite, mon instinct de survie,

Sans toi je ne serai plus là.

La fuite, tapie au fond de moi,

Guetteuse du danger, tu m’as sauvé la vie.

M. Odile Jouveaux

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