Un tsunami

écouter… les yeux fermés… un rêve advient… celui de B. Bartok

Quelques coups puissants et réguliers : la coquille se brise et je sors de l’œuf. Mon rêve démarre toujours ainsi ; un pas, deux pas, je m’aventure dans le monde.

Celui-ci me paraît vaste et je sais que j’aurai des milliers de choses à y faire, des centaines de pays à parcourir, pourtant je suis engourdi.

Je bégaie, balbutie, pars et reviens sur mes pas ; j’hésite et m’effraie puis enfin je m’élance.

Je ne saurais dire dans quel pays je me trouve alors, peut-être en Suède ou en Norvège en tous cas il y fait froid. Il me semble que tout est déjà accompli, que chaque infime partition de ma vie est écrite et consommée.

S’y alternent des joies, des peines, des chaos, des rires et des larmes, des incertitudes, des peurs, des conflits et des révoltes, des espoirs, des douceurs, des chants, des cris, des fiertés et des déceptions.

A ce moment tout m’envahit, m’engloutit et m’étouffe, ma vie se résume à un rêve. J’ai pourtant une grande impression de puissance, je sais que je ne succomberai pas.

Je suis téléporté sur une plage de cailloux blancs, de hautes falaises m’encerclent. En haut des falaises, un orchestre.

Au rythme de mes pas, les voix successives font leur entrée.

Au fond du tableau, la mer. En sourdine, les vagues arrivent doucement, avancent puis refluent. Cette fuite constante m’hypnotise. Puis la vague grossit jusqu’à devenir un mur gigantesque. L’orchestre joue toujours . Je perçois dans cette musique une alternance d’apaisement et de révolte.

Je regarde, résigné, la vague qui arrive, je sais qu’elle m’absorbera tout entier. L’eau est glaciale, l’écume me recouvre, je suis paralysé.

Les musiciens, du haut de leur falaise, me regardent disparaître. Je manque d’oxygène, des bulles sortent de ma bouche, seule une main dépasse. Le tsunami a tout englouti. Sauf l’orchestre et la musique…

De façon totalement inattendue, je ressurgis tel un diable propulsé de sa boîte, victorieux.

Je me réveille alors, les nazis ne m’auront pas.

Clarysse

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