Enquête londonienne

image générée à priori par une Intelligence artificielle sous influence

Ce soir-là, Bernard avait rendez-vous avec Georges. Ils avaient l’un comme l’autre, bravé le brouillard qui déversait sur Londres une atmosphère humide, poisseuse et déplaisante. On se serait cru dans un de ces films en noir et blanc d’Hitchcock. Ce qui convenait assez bien à la situation.

En effet, Bernard avait fait appel à Georges pour une enquête qui exigeait tact et discrétion. Ce pourquoi ils avaient préféré l’atmosphère glauque d’une rue mal éclairée par un réverbère à la lueur parcimonieuse à celle d’un pub plus chaleureux.

Bernard était le secrétaire particulier d’un membre de la famille royale, à savoir Lord Sacquenville. S’il avait contacté Georges, c’était pour enquêter sur les frasques supposées de la fille aînée de cette famille, Gladys. Il fallait absolument mettre au clair cette affaire, et si tout cela se révélait exact, œuvrer à un retour à la morale et à la réputation sans tache jusque-là de la famille.

Tout avait commencé quand une domestique dévouée avait transmis à la mère de Gladys une lettre découverte dans la poche d’un peignoir de la jeune fille. Celle-ci y exprimait des sentiments énamourés, que l’on pouvait espérer encore platoniques, envers un individu non identifié.

Aussitôt informé, Lord Sacquenville avait intimé à Bernard de se mettre en chasse d’un enquêteur digne de confiance et d’une discrétion à toute épreuve. C’est ainsi que Bernard et Georges devisaient de cette grave affaire, tout en fumant cigarette sur cigarette.

Quoique reconnu pour ses compétences (il avait déjà sauvé du scandale plusieurs rejetons de bonne famille), Georges n’était guère ravi de cette mission. La lecture de la lettre de Gladys ne le rassura pas, car il lui semblait qu’aucun indice ne permettait d’identifier le destinataire de la missive.

Il accepta cependant d’enquêter (comment refuser son aide au puissant Lord Sacquenville ?), sous couverture, et se fit donc embaucher comme valet dans la famille du lord.

A son arrivée, et durant les quelques jours qui suivirent, rien ne lui sembla de nature à justifier les inquiétudes parentales.

Mais, au cinquième jour, alors qu’il s’était posté au pied du grand escalier menant à la chambre de Gladys, il aperçut celle-ci qui se faufilait dans l’ombre et descendait les marches d’un pas léger.

La jeune fille se dirigea ensuite vers une porte qui menait aux caves du château. Étrange destination ! Georges la suivit à pas de loup. Gladys parcourut quelques couloirs et aboutit enfin à un passage voûté. Elle ouvrit une porte et se glissa dans une pièce sous la porte de laquelle filtrait un peu de lumière rouge. Toujours aussi silencieux, Georges franchit aussi le seuil et découvrit un spectacle qui le glaça de terreur.

Gladys, d’un pas de somnambule, rejoignait une sorte d’autel de pierre auprès duquel se tenait une forme sombre. Georges se retint de hurler. Il ne connaissait que trop bien le triste personnage, qu’il avait déjà eu le malheur de croiser. Hélas, hélas, il n’en pouvait douter, celui qui avait séduit Gladys n’était autre que le Comte Dracula ! Celui-ci se penchait déjà vers le cou fragile de la jeune vierge.

Georges s’effondra. Tout était perdu ! Plus rien ne pourrait éviter à la belle jeune fille  son destin de vampire.

Dominique Benoist

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