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Ils sont là, engoncés dans leur lourde vareuse au milieu de la rue jonchée de gravats, le regard figé sur l’horizon blafard noyé dans le brouillard et la poussière. Sous un ciel plombé, les immeubles aux façades défigurées se maintiennent debout appuyés l’un à l’autre. Les deux soldats abasourdis découvrent l’ampleur du désastre. Ils ne peuvent reculer, il leur faut avancer jusqu’au bout de la rue, sentinelles effarées sorties d’un cauchemar effroyable. L’ennemi a fui, reste le silence assourdissant des âmes blessées. La mort s’est invitée, elle ricane sur les ruines. Il leur faut avancer, déblayer le terrain, déjouer les pièges semés par l’occupant, reprendre pas à pas ce qui leur appartient du moins ce qui l’en reste : un morceau de terrain mêlé du sang du vaincu à celui du vainqueur.
À croire que l’homme n’en finit pas d’écrire, de réécrire toujours la même page, la même histoire funeste : Ah, Dieu, que la guerre est jolie…
On verse les mêmes larmes
On pleure nos morts
On les encense sur le champ de bataille
On les célèbre sur la flamme sacrée du soldat inconnu.
Sonnerie aux morts, minute de silence.
On bâtit des villes nouvelles sur les ruines passées
On signe des traités où le mot paix se conjugue à tous les temps :
passé, présent, futur.
Et puis un jour tout recommence
Ah, Dieu que la guerre est…
M. Odile Jouveaux