Franchir la frontière

Il y a dehors des émerveillements, des voûtes célestes, des voies lactées, des éblouissements

Il y a dehors des soleils qui tempèrent, des lunes sur lesquelles on veut marcher.

Il y a dehors des millions de formes de vie, des explosions de culture.

Il y a dehors tant de choses, que je voudrais embrasser.

Mais, il y a dehors aussi, des explosions géo solaires, des catastrophes nucléaires, des tsunamis et de violents tremblements de terre.

Il y a dehors des protozoaires et des cétacés géants, des éléphants et des arachnides, de quoi noircir des tonnes d’abécédaires.

Mais, il y a aussi dehors des milliers d’âmes en errance, en grande souffrance, des illettrismes, des analphabétismes qui, perdus dans l’immensité, se multiplient, sans ne rien comprendre.

Il y a dehors tant d’entités, d’identités qui, ne savent pas se chercher, se trouver, se peser, s’estimer.

Il y a dehors tant de barrières, de frontières aux passages prohibés, de gouffres entre dialectes et d’abîmes inter-langues.

Mais, il y a aussi dehors, des harmonies, des arcs-en-ciel et des fleurs, des passions, des amours filiaux, sentimentaux ou charnels.

Puis, il a à chaque seconde, à chaque milliseconde, ceux qui viennent du dedans d’eux-même et qui vont dehors, tenter leur chance, jouer leur partition, ils vont affronter, se confronter, apprendre, copier, singer, imiter, imposer.

Et, ils s’en vont tous ceux-là, plein de certitudes ou sans aucune certitude, pour renaître, chaque jour, d’une énergie nouvelle.

Et, ils sortent dehors pour apprendre, désapprendre, se renouveler, vivre.

Mais, ils sortent aussi pour manger, bâtir disloquer, bombarder, dévoyer, faire la guerre, même civile.

Puis, il y a moi, qui essaie chaque fois, chaque jour, chaque instant de sortir de mon monde.

De passer la frontière, de dépasser mes pathologies, de crier le normal, de rencontrer le normal, de trouver l’extraordinaire banal d’un monde social, fédéral.

Alors, j’avance un pas dehors sans oreillette visible par moi-même, mais tout m’effraie, car déjà, il me semble voir ou vouloir ne voir que l’invisible.

Et, je vois un tableau surréaliste, où l’on déplace à son gré, les éléments de la nature, ou l’on crée des lacs artificiels.

J’avance encore un pas, mais je ne perçois que l’indifférence tapie derrière d’indéfendables sourires.

Et, derrière la frontière, le monde est vaste, je me dis qu’il y a de la place pour chacun. Je pourrais y trouver un coin. Il faut aussi, que j’avance, je dois trouver pitance, je dois séparer le blé de l’ivraie, je dois nourrir les miens.

Alors, je bâtis avec les éléments du monde de dehors et, je me promets d’être vertueux, me veux duplicable.

Mais, voilà je deviens vaniteux, à peine suis-je sorti de mon monde intérieur.

Loin de ma propre adversité, j’ai déjà attrapé le virus de la vie active, de la déferlante du flot des différences et des contradictions qui me balayent, comme une lame de fond.

Alors, je me défends comme je peux, je revendique un laissez-moi faire, je veux vivre comme je veux, comme derrière ma frontière.

Dedans, il y a dehors des émerveillements, des voûtes célestes.

Dehors, il y a dedans des émerveillements, des voûtes célestes;

Dehors, il y a des tsunamis, et des guerres nucléaires.

Dedans, il y a des tsunamis, et des guerres nucléaires.

Et moi, je suis devenu une frontière écrasée par les chars des rires clandestins.

Didier d’Oliveira

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