Une belle image décryptée

Tapisserie du Château d'Angers
Tapisserie du Château d’Angers

Mesdames et messieurs, voici une des plus belles images qu’il nous est donné de voir dans cette tapisserie. Après vous en avoir présenté les éléments, je vous dirai ce qui fut à l’origine de son inspiration.

Au centre de l’image figure Hippolyte. Comme on le voit, c’est un écrivain, manuscrit en main. Son récit requiert beaucoup d’imagination. Heureusement, il dispose de deux muses, lesquelles prennent en général l’apparence d’anges gardiens (heureuse initiative qui éloigne tout soupçon de la part de l’épouse d’Hippolyte, au caractère quelque peu jaloux). Cependant le fait qu’ils soient deux complique la vie d’Hippolyte, car chacun propose ses propres idées, pas toujours en accord avec celles de l’autre muse.

Hippolyte s’est d’abord tourné vers le petit ange qu’on voit à gauche et qui se nomme Gelas. Celui-ci est un peu vieux jeu, comme on le voit à son emblème, un rouleau de papier qui a précédé le volumen. Ravi d’être consulté, Gelas propose une intrigue très fleur bleue où il est question d’amours contrariées entre un chevalier et une douce bergère.

Hippolyte aime bien Gelas, mais il trouve le sujet quelque peu convenu, d’autant qu’il fait intervenir un dragon et que ce deus ex machina semble fort éculé.

A sa droite, Arille, l’autre muse, fait montre d’intentions plus ambitieuses. Ainsi il désigne de sa main droite un groupe de figures inquiétantes. Dans un premier temps, Hippolyte y verrait bien des diablotins, mais, à y regarder de plus près il y reconnaît les visages de quelques personnages connus.

Arille penche lui aussi pour une histoire d’amour (car rien ne séduit davantage le public) mais il se refuse à proposer pour obstacle quelque fleuve à franchir ou montagne à gravir. Tout cela lui semble mièvre.

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Tapisserie du château d’Angers

Dans la forêt de sapin, sous un ciel d’hiver étoilé, un berger, un tendre agnelet juché sur ses genoux, attendait patiemment que les enfants auxquels il avait signe de le rejoindre sortent de leur abri pour grimper les quelques marches qui menaient à lui. Un livre à la main, il s’apprêtait à leur enseigner les règles de l’élevage ovin et les commandements d’un bon berger. Les trois enfants serrés les uns contre les autres se frottaient les mains pour tenter de se réchauffer. Soudain surgit dans un tintinnabulement de sonnailles qui firent fuir derechef le pauvre agneau effrayé, un manant aux pieds nus enveloppé d’une longue houppelande rouge.

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Tapisserie du château d’Angers

… Mais avant de rejoindre le Nirvana, la vision ultime, notre divination, il nous fallait encore vaincre nos vieux démons, et nous primes nos dagues et nos lances pour combattre nos dernières résistances à vouloir rester encore un peu dans le vieux monde, enfermer dans notre petitesse, bloquer dans nos geôles respectives.

Et la bête était déchaînée, crachant de ses sept têtes, chacune leur suprématie spirituelle ou matérielle.

Et l’une, devenue langue de feu vantait les mérites de Dieu, mais, il y avait tant de dieux !

Et l’autre sournoise, pointait l’orgueil et la vanité comme complaisance individuelle, mais, pour mener à quoi !

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Apocalypse

Ô joie ! C’est la fin du monde. Faisons du passé table rase et accueillons la révélation.

Laissons-nous aller à l’ivresse, à la griserie et à la volupté enfin accessibles.

Des temps nouveaux arrivent, qui ne seront que ravissement et réjouissances. Hier c’était guerre, famines, solitude et chagrins, tous excès d’un monde exclave de la technologie.

Désormais, nous pouvons sans honte nous débarrasser des oripeaux défraîchis de la culpabilité.

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Vision

Je fonds dans l’alacrité et l’enjouement, aujourd’hui commence l’apocalypse.

L’ivresse de la vision du nouveau monde, me transporte dans une jubilation sans pareil.

Il est enfin là, le jour de l’épanouissement est venu et je prends avec délectation et griserie, l’idée de mon transfert vers le nirvana.

Finis le temps d’anxiété sans consolation, fini ce chemin de croix sans béatitude.

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Alléluia !, psalmodiaient avec béatitude prêtres, chamans, imams, bonzes ou rabbins, tous les  représentants des croyances divines de par le monde.

À la naissance d’un monde nouveau ! célébraient dans l’ivresse rois, présidents, empereurs, dictateurs, tous les représentants du pouvoir de par le monde.

À l’avènement de l’apocalypse !, scandaient les foules exaltées dans les rues des villes de par le monde.

À une destinée nouvelle ! chantait avec bonheur le reste de l’humanité, dans les maisons ou dans les champs de par le monde.

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