… Mais avant de rejoindre le Nirvana, la vision ultime, notre divination, il nous fallait encore vaincre nos vieux démons, et nous primes nos dagues et nos lances pour combattre nos dernières résistances à vouloir rester encore un peu dans le vieux monde, enfermer dans notre petitesse, bloquer dans nos geôles respectives.
Et la bête était déchaînée, crachant de ses sept têtes, chacune leur suprématie spirituelle ou matérielle.
Et l’une, devenue langue de feu vantait les mérites de Dieu, mais, il y avait tant de dieux !
Et l’autre sournoise, pointait l’orgueil et la vanité comme complaisance individuelle, mais, pour mener à quoi !
Et l’autre encore, nous invitant à la luxure, mais que savait-elle de l’extase suprême !
Et celle-ci, d’étaler ses ors et ses diamants et ses monnaies virtuelles nous jetant à la face notre immoralité de la gratuité.
Et la perfide, qui savait tirer tout, de chaque situation se créant un statut pour s’élever, mais s’élever vers quoi !
Et puis toujours, l’addictive qui se gavait des graisses de l’humanité !
Et enfin, cette autre tête aux mille yeux qui ne consommait que du pouvoir, sans se sourciller du grand sacrifice !
Oui, la bête était déchaînée et faisait tout pour nous séduire et ranimer notre foi dans le vieux monde et ses nombreuses ressources.
Mais, avant de jeter nos derniers oripeaux c’est à dire, nos propres lignes de défense aux griffes de la bête, un philosophe est venu, se faisant policier, tentant de nous réconcilier à maintenir l’ordre, en nous rappelant des règles métaphysiques, ontologiques, théologiques ou encore, éthiques, voire esthétiques et chercha à établir tel ou tel fondement, établis par des sciences savantes certes, mais des sciences humaines rattachées toutes à des groupes de pensées souillées, enfermées dans leur logique et ne donnant que des visions déformées d’un monde finissant qui, pourtant se croyait ouvert et conquérant.
Et le policier lui-même, fût-il philosophe fut emporté dans les entrailles de la terre, tout comme la bête, symbole de la vieille humanité. il ne s’était pas laissé transpercer par le savoir et l’intelligence universelle. Il avait mis des remparts en inventant une ultime ligne de défense. Il en avait oublié l’esprit de la transcendance.
C’est alors, débarrassés de nos dernières velléités ; nos dagues et nos lances dissoutes à jamais, que commença la révélation.
Didier D’Oliveira
Traces et résonances 