Maintenant que j’ai traversé le désert
Que j’ai senti sous mes pas la terre craqueler
Que la chaleur torride et suffocante
M’a fait chercher en vain une ombre bienfaisante
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Maintenant que j’ai vu les femmes dans les champs
Le dos courbé à l’ouvrage de la terre endurcie
Les bras luisants de sueur, le visage et la nuque
Brûlés, fripés à l’éclat du soleil ardent
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Maintenant que je sais les sécheresses cruelles
Celles qui assoiffent bêtes et gens jusqu’à l’épuisement
Qui brûlent les récoltes, affamant les enfants
Faisant fuir ceux qui restent vers des terres nouvelles
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Maintenant que triomphe la folie humaine
Celle qui pousse au gain, au profit perpétuel
Qui n’a pas de scrupule à détruire l’harmonie
Le bien-être de tous pour le bien de certains
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Maintenant que consciente de la Terre affaiblie
De la souffrance d’une partie de l’humanité
Je n’aime plus tant le ciel immaculé
Je ne me plains plus si je le vois tout gris
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J’aime la petite pluie, la pluie source de vie
L’eau qui en douceur pénètre la terre ensemencée
La terre qui toujours a nourri
L’homme qui la respectait
Annie Brottier