Ne coupe pas le moteur …

Chaque matin c’est la même routine. Il a beau partir une demi-heure avant, un quart d’heure après, toujours le même bouchon au même endroit. Depuis quelques années il a quitté la ville pour fuir le bruit, la pollution.

Il s’est réfugié loin du brouhaha, de l’agitation urbaine, le tête emplie de rêves bucoliques, de champs ondoyants sous le vent, de promenades en forêt. Enfin c’est ce qu’il espérait. L’ennui c’est qu’ils sont nombreux ceux qui ont imaginé se mettre au vert, se détendre à la campagne. La même idée au même moment. Alors comme ils n’ont pas déplacé le travail à la campagne, ils se retrouvent tous sur la même route à la même heure pour rejoindre la même ville.

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Chronoécriture

Partir un jour, partir toujours

Toujours l’amour revient

toujours l’amour retient

toujours l’amour….

Maintenant je n’attends plus, trop tard,

maintenant c’est le vieillissement qui m’attend

 Prolonger la vie, durer plus longtemps

 À quoi bon ?

 Partir c’est agir, c’est bouger, dans quel sens partir ?

 vers le futur ou le passé

partir vers le temps qui s’écoule.

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La Delorean de mes rêves.

« Il ne faut jamais couper le moteur de la DeLorean, faute de rester coincer dans un univers parallèle. » C’est ce que m’avait recommandé Robert Zemeckis, le célèbre réalisateur de ‘Retour vers le futur’.

J’étais dans ma grange, entouré de mes tracteurs, de mes faucheuses et de ma moissonneuse. C’est là, que j’avais installé mon atelier. Mon travail du moment, restauration et de customisation de ma DeLo, venait de s’achever. Je me suis installé à bord de l’engin fabuleux. J’ai appuyé sur le starter. Le moteur s’est mis à vrombir. Les poils du chat se sont redressés. Les fétus de pailles se sont envolés, j’étais tout excité. J’ai enclenché la première, passé la seconde dans un bruit infernal d’échappement. Le cheval s’est cabré, les vaches ont beuglé à tue-tête. Les gens du village ont crié l’hourra, l’extase a gagné. Dans mon calcul, la grande ligne droite conduisant à la nationale devait suffire. J’avais tout juste appuyé sur l’accélérateur extratemporel que déjà, je ne voyais plus la terre.

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Ne pas perdre de temps… (chronoécriture)

Partir, c’est m’en aller, mais… ?

Toujours pour plus, je suis insatiable, gourmand, impétueux.

Je suis en arrêt, la pendule me regarde, le balancier s’est figé.

Prolonger la vie encore un jour, encore une heure, un instant, le temps de voir, le temps d’emporter.

Partir sans retour, il est trop tôt pour ne pas se retourner et oublier le temps passé.

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Allégorie du temps

Et je vis le galet. Tout rond, tout lisse, se jouant du courant. Né à la source des Cévennes hautes, détaché du ventre des monts. Il déambule au fond du canyon, un choix s’impose : le Gard, la Lozère ? La route est longue jusqu’au Rhône. Il poursuit le flux, passe sous le pont du Gard, salue les romains bâtisseurs du premier siècle. Il se sent exister, pas par la taille il est si petit, mais grâce à son grand âge. Mialet, ville de miel, il se laisse couler sous l’arche en pierre du pont des camisards. Encore cent trente kilomètres jusqu’au Rhône, il glisse en une descente serpentine le long du gardon d’Anduze.

RMQ

PS: Erreur de parcours. Il est arrêté sur ce bout de plage sauvage par les pieds nus d’un baigneur en manque de ricochets ; mes pieds.

Bois flotté

Je m’absorbais dans cette œuvre. Elle flottait depuis si longtemps.

Elle allait au gré des flots, s’offrir tel un mannequin de mode,

Aux yeux des regardants, poètes, peintres ou baladins.

Et le fantasque des esprits, la voyait tantôt, en glabre squelette,

Tantôt, en sculpture féérique des temps modernes.

Dans le soleil réfléchissant de l’eau salée, elle prenait le temps de ses poses,

Afin que tout homme, à son regard fut artiste.

Didier d’Oliveira

Le temps est un.e couturier.e

D’une bobine de fil surgie d’un écrin, il nait, s’élance en brodant sa toile aux couleurs variées. Mesuré, il s’étend en filant comme file l’araignée, au gré du vent, une toile où se déposent au fur et à mesure des points qui ressemblent à des gouttes de rosées, parfois brillantes, parfois sombres. Il court et file dans un mouvement perpétuel, file et refile à la recherche des points perdus. Il assemble et consolide.

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Elle caméléone

Comme une mésange bleue, la tête dans les plumes, elle relève la tête de sous son aile, comme après une sieste et s’étire en appui, se retourne et tend la main comme pour demander un soutien mais sans insistance. Puis, se levant, elle se retourne après une flexion suspendue, dit quelques mots à haute voix comme les hauts vents d’une musique intérieure et en soubresaut, étend son corps, pivote en joignant jambes et bras pour enfin se retourner comme une ritournelle. Évoluant dans une position d’attente, elle tend l’oreille, semble écouter un instant le silence. Elle mesure dans de petits gestes les limites de l’espace en effectuant quelques mouvements vers le haut puis vers le bas. Après quoi, dans un mouvement limpide, elle s’arrête avec une hésitation élégante comme si elle refusait un envol. Elle se met alors à lever les pieds en alternance comme pour mesurer ses appuis puis balayant l’espace, elle pivote pour enfin décider de s’allonger sur le sol, l’espace d’un moment. C’est alors, qu’elle prend le temps de respirer le vide et se relève dans un équilibre gracieux en appuyant ses jambes et ses bras lui permettant de s’asseoir.  Et, surprise, elle s’étire et prenant appui dans un geste retenu ou courte pause, elle tend son corps et se remet en mouvement, sans bruit, au ralenti et s’élève du sol dans une avancée où sa tête bascule de droite à gauche puis de gauche à droite, d’avant en arrière et regardant le ciel, elle s’envole comme un colibri pour enfin disparaitre.

MarieThé