Il l’a pourtant fait ; écrire une tranche de vie.

Il aurait pu nous parler longuement des délices de la Savoie en été, et de ses sentiers escarpés. Du Verdon et son canyon majestueux, de l’Alsace et des Vosges aux couleurs éclatantes, de la forêt Noire en contrescarpe, du Mont Dore et du Mont Chauve au crâne pelé, il aurait pu…

Mais, il a plutôt choisi de vous décrire une terre sans arbres, d’une terre où l’oxygène est carboné. Son périple a duré six ans, pas sept car, il lui aurait été impossible d’approcher, dans cet univers, ce chiffre que l’on dit parfait.

Carte routière sur les genoux, autoroute A13, A10, à gauche Versailles, la majestueuse, à droite Trappes, la sulfureuse, un temple de béton, des musiques africaines, des airs orientaux, des marchés soukés, un petit centre-ville étriqué, habité de gens peu rassurés qui, chaque jour migrent à Paris. Des grandes cités hérissées des tags de quelques bandes désœuvrées, d’un poste de police blindé sans fenêtre, un blockhaus sur la place des écoles où règnent le couteau, le shit et le viol.

Puis, il a dû bouger, sans vraiment se dépayser. Paris intra-muros, mais surtout, Paris Nord, Barbès, Magenta, la Gare de l’Est, le Sentier, le bruit toujours, l’odeur des mégapoles, l’insécurité toujours, mais en plus, le troc, l’arnaque, les affaires, les mauvaises, que sur le coup, on croit bonnes. Les clans : les Maliens, les Érythréens, les Gabonais, les Maghrébins, les Chinois, les marchands de tissus des quartiers Juifs, et puis, les Autochtones, métro-boulot-dodo.

Et enfin, Pontoise, pas Pontoise même, mais la Cergy, les nouvelles tours, la ville neuve qui s’étend aux confins d’Éragny, où l’on a entassé rapidement la classe moyenne, mais qui, en moins de dix ans deviendra une classe juste en dessous de la moyenne où les bandes ont pris rapidement position, où la police se fait caillasser.

Oui, il aurait sans doute mieux aimé vous conter le clapotis d’un ruisseau quelque part en Dordogne où dans le Lot, les cimes enneigées du Grand-Bornand, le petit train de la Rhune sur les massifs Pyrénéens….

Mais ce passage en Île-de-France, fait également partie de son histoire.

Didier d’Oliveira