Sur les traces de Klee

Max est allongé sur le ventre, visage tourné vers la mer. Il sort de sa léthargie. Il ne se souvient de rien, ni où il est ni pourquoi, ni comment il est arrivé là, juste devant ce chemin rectiligne qui fuit vers l’horizon. Il est seul. Pas de bruit sinon le ronflement des vagues qui se brisent sur les galets.Le soleil est au zénith. Il fait très chaud. De part et d’autres de cette voie tirée au cordeau, d’autres chemins se côtoient mais jamais ne se croisent dans une succession de divisions du sol en carrés, rectangles longilignes et fins, étroits,plus larges, tous teintés de couleurs bleutés, roses, orangés, vertes disparaissant à l’horizon dans une harmonie de bleus , espace  infini, grandeur éternelle.

Les couleurs sont douces et chaudes. Max se lève et marche sur le terre-plein central. Il avance doucement, gravit pas à pas les échelons, passe du vert au violet saute sur le bleu glisse sur l’orange, puis, soudain fatigué par la monotonie de la voie toute tracée fait un écart, saute hors de la route trop rectiligne à son goût.
Il tombe alors sur une série de petits champs bleutées, chemin des écoliers, sentiers de traverse. Max avance, plus il avance plus la voie se rétrécit.Bientôt il devra faire un pas de côté, puis un autre. Ses pieds serrés l’un contre l’autre ne peuvent plus avancer sans sortir des limites du rectangle emprunté. Là s’arrête la course. Mais qu’y-a- t- il au bout du bout de la longue échelle posée sur la terre qui divise en deux l’espace coloré ?

Max veut en finir ! Savoir où il met les pieds ! Il remonte sur la voie centrale et sans se retourner reprend sa course et continu  son ascension. Le soleil poursuit sa course et doucement entame sa chute vers l’horizon bleutée.Max se dirige vers l’ouest, il retrouve sa boussole.Il tend alors les bras devant lui, se met à courir, court de plus en plus vite, Max se met à rire, Max pleure, il arrive au bout de la route se précipite dans le vide disparaît dans l’éclat du soleil, se noie dans la voûte céleste.Libre Max . Une voix chantonne :

«  Il est libre Max, il est libre, y en a même qui dise qu’il l’ont vu voler »

Max a disparu happé par l’infini.

M. Odile Jouveaux

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