Environnée d’un jardin réduit à l’état de friche, la maison émerge d’un fatras d’herbes folles, de ronces, d’orties. Sur le seuil de la porte d’entrée entre baillée, serrure brisée, des toiles d’araignées pendouillent des poutres poussiéreuses.
Saleté, immondices jonchent le sol. Dans l’évier casseroles, assiettes, couverts nagent dans une eau où flottent des moisissures duveteuses et grisâtres. Odeurs immondes, humidité des murs ruisselants de gouttelettes mêlées à la graisse de la friteuse où l’huile s’est figée.
Pas à pas s’introduire dans ce lieu dévasté, à rebours, à reculons retrouver quelques traces d’une vie chamboulée, d’une vie disparue.
Agripper la rambarde de l’escalier barré de fil de fer barbelé, enjamber un tas de vêtements jetés ça et là au pied de l’armoire grande ouverte qui dégueule ses entrailles sur le tapis crasseux et puant, se frayer un chemin entre un tas de photos déchirées et un dictionnaire ouvert à la lettre M, comme misère, malheur, maboule, mort. Atteindre l’étage obstrué par des bâches en plastique, des briques, du plâtre, de quoi construire un mur, mur de colère, mur de rage, de folie.
Comment fuir ce chaos, sortir de l’enfer de la folie qui hante cet espace .Accroché à la fenêtre dans un carcan de fil de fer rouillé le petit ours en peluche élimé veille sur le jardin Il a perdu un œil, muet, à lui seul, il porte le chagrin. Mais alors, comment
Effacer l’histoire, pouvoir s’évader, s’envoler, oublier.
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