Moi, mon seul horizon c’était…

Moi mon seul horizon, c’était l’extase. Mais cet état de ravissement que je recherchais absolument m’a apporté de belles déconvenues et m’a conduit directement en enfer.

Je m’appelle Félix, j’ai 31 ans et cela fait seulement trois ans que je suis redescendu dans la vraie vie.

J’ai commencé à me droguer à l’âge de 16 ans, d’abord occasionnellement à des soirées ou des fêtes.

J’étais plutôt timide, pas sûr de moi, les filles me faisaient peur..

Mes parents m’ont appelé Félix, qui signifie « chance, bonheur » ; ou bien ils ne connaissaient pas la signification de ce prénom ou bien il s’agissait d’une mauvaise plaisanterie car le milieu où je suis né et où j’ai vécu mon enfance ressemblait plus à l’enfer qu’à la félicité. Dans la famille, le bonheur ne faisait pas partie du vocabulaire.

Je ne faisais pourtant pas partie du schéma habituel des quartiers dits difficiles, de la violence ou de la déscolarisation. C’était autre chose, mes parents avaient de l’argent mais pas de cœur ; les coups de trique et les humiliations jalonnaient ma vie.

Un jour, ou plutôt une nuit, mes copains m’ont proposé de l’ecstasy, promesse de bonheur ; j’ai essayé et ce fut le début d’une vraie histoire d’amour et de dépendance entre la drogue et moi. Par la suite, avec le LSD, j’ai fait la connaissance de l’extase.

Je ne vivais plus que pour connaître ces moments de béatitude que j’ai encore aujourd’hui beaucoup de mal à décrire et les redescentes sur terre étaient d’une violence inouïe doublée d’une souffrance physique intolérable. Je devais donc trouver toujours plus de drogues, toujours plus fortes pour éviter l’enfer.

Je ne vivais plus le monde , j’étais ailleurs et en danger de mort. Je me tuais doucement tout en me laissant bercer par un monde artificiel de douceur, de couleurs, de lumières et de musique.

Plusieurs doses trop fortes ont failli m’emporter et je disais alors que la vie sans drogue ne valait pas le coup d’être vécu. C’était donc une spirale sans fin.

La dernière overdose m’a conduit directement aux urgences et j’ai été pris en charge par la médecine.

De cures de désintoxication en rechutes , je suis enfin revenu dans le monde réel ; le choc fut rude parce que je ne savais pas où était le bonheur, personne ne me l’avait appris.

Je vis encore beaucoup de douleurs mais suis à la recherche de joies simples ; l’extase existe sûrement ailleurs et c’est à moi de la trouver.

Clarysse

 

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