Entre couleurs et courage

Quel courage elles ont, celles qui marchent ainsi, toutes ces femmes si semblables et que ne distinguent que leurs foulards colorés, tous différents dans leurs teintes !

On les appelle folles. Ce sont des mères ou des grands-mères, le plus souvent.

Elles marchent tout autour de la place. La place de Mai. Joli nom, joli mois de printemps.

Devant Maria il y a Valentina, et Florencia la suit, et Anita, Angelina…

C’est la place de Mai, et pourtant parfois il pleut, il vente. Qu’importe, elles sont là chaque fois, régulièrement.

Parfois, les foulards sont mouillés, l’eau coule sur les visages. L’eau coule sur les pancartes.

Elles ne crient pas, elles ne chantent pas.

Elles sont là !

Elles témoignent.

Elles demandent des réponses.

Les policiers aussi sont là. Désormais ils n’interviennent plus. Il y a eu trop d’échos dans la presse à l’étranger.

Elles marchent, parfois elles se tiennent par la main.

Les foulards sont la seule touche de couleur, taches roses, vertes, bleues, orange, jaunes, ocre… Tout un arc-en-ciel de couleurs dans le jour gris.

Un jour elles gagneront ce qui peut encore être gagné : informations ou beaucoup plus, comme les retrouvailles avec un petit-fils arraché à sa famille.

Mais avant, il faudra marcher. Beaucoup. Longtemps.

Elles marchent.

C’est la place de Mai, toute en couleurs et toute en courage.

Dominique Benoist

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