Le rêve

S’échappe la roche

Effluves happés par le vent

Danse le brouillard

Ils s’échappent de la terre, doucement. Pics de marbre et d’ardoises. Les silhouettes presque humaines sont accrochées aux roches sombres et délavées. Les pics en forme de phallus sont attirés par les cieux, happés par le vent, fumées denses et dansantes. Fumet blanc de beauté et d’espoir. Estampe de brouillard cotonneux. Seuls… le monde n’existe plus. Le vide est partout. Seuls… restent leurs vagues contours, peintures dégoulinantes de pleurs.

Le monde n’existe plus. En bas, il y a les cendres, particules de feu ; les cris de désespoir et d’horreur se sont tus. Reste la beauté, l’absolue clarté du vide. Les arbres se donnent la main, dernier élan d’espoir ; leurs branches sont nues, les oiseaux ne sont plus. Aquarelle noire et blanche, de vide et de vie, accroché.e.s au néant.

Et cela est d’une grande beauté, d’une incroyable perfection, d’une absolue pureté. Résidus solitaires d’un avant, d’un monde devenu imaginaire, ils sont là, ne quémandant rien d’autre que d’être… Le vide mouvant autour d’eux les rend tellement présents, témoins d’une existence révolue.

Par quels cieux seront-ils happés ? Ils naviguent maintenant dans l’espace, à la recherche d’une terre mère. Les roches dégoulinent au fond d’un vide inconnu. Ils ont habité le monde, ils ont rempli le vide, ils se meuvent au gré du mouvement du vent qui les emmène, si loin que l’œil s’y trompe.

Un morceau de la terre aspiré par le ciel ; un morceau de la terre attiré par le ciel ; un morceau de la terre altéré par le ciel ; puis, le silence…

Clarysse

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